Qu'elle fut longue, solitaire et douloureuse ma traversée du "Désert" de le Clézio !
Indéniablement, côté écriture, y a du niveau mais j'ai eu bien de la peine à entrer dans le roman qui se partage entre deux récits : celui de Nour, un jeune Bédouin, qui parcourt le Sahara à la suite du grand cheikh Ma-el-Aïnine, avec le peuple des "Hommes Bleus" menacés par la colonisation du désert par les Occidentaux, et celui de Lalla, une jeune Marocaine, habitante d'un bidonville de Tanger, forcée de fuir son pays pour échapper à un mariage forcé.
Ces deux existences sont distantes de quelques soixante-dix ans mais sont liées entre elles par le désert, terre aride et pourtant nourricière d'âmes nomades et libres. J'ai prêté plus d'intérêt au récit de Nour qu'à celui de Lalla, le premier s'inscrivant dans un contexte historique et spirituel fort, tandis que le second emprunte davantage à une dimension sociale et poétique.
Donc, en synthèse, le fond de ce roman tient la route, la forme est soignée, et pourtant, je me suis ennuyée à périr et j'en ai soupé des dunes brûlantes et des nuits froides. le dépaysement est bien retranscrit, le désert prend vraiment vie sous la plume de l'auteur qui, on le sent, est très attaché à son sujet, mais si j'ai touché du doigt l'âme de cet immense océan de sable et de ses habitants, je sors essoufflée, éreintée et désorientée de cette expérience, que je ne souhaite pas renouveler de sitôt.