Les règlements de compte en famille ! En voici un sujet qui n'en finit pas de nourrir la littérature et le cinéma. Dessous les roses, ce n'est pas Festen, loin de là, mais il y a ce qu'il faut de secrets enfouis, de colères rentrées et de tendresses inassouvies pour ne pas trouver le temps long, dans ce roman conçu comme une pièce de théâtre par Olivier Adam. L'auteur donne la parole à chacun des membres d'une fratrie, après la mort du père, ce qui permet de varier les angles et de confronter les souvenirs des uns et des autres, qui ne sont évidemment pas "raccord" entre eux. Cette alternance des points de vue donne du dynamisme à un roman qui décrit finalement des personnages assez stéréotypés, que le romancier ne manque pas d'épingler dans leur vie étriquée et pleine de préjugés. Le personnage le plus intéressant du livre est celui de Paul, cinéaste et metteur en scène de théâtre, qui ne cesse de s'inspirer de son entourage, de s'en nourrir et de le trahir ou de le ridiculiser, c'est tout du moins l'avis de sa sœur et de son frère, et c'était le grand chagrin de son père. Là encore, cet aspect est loin d'être inédit et nombre d'écrivains ont raconté leur état de "vampires" de leurs proches mais Adam parvient à évoquer le sujet avec une verve qui donne une vie réelle à son récit. Lequel, en fin de compte, par l'apport de petites surprises bien amenées au fil des pages, réussit à éviter les redites et à changer notre perception sur ses principaux personnages, en particulier celui qui attire toute la lumière, de par sa vocation à la création et qui est donc, peu ou prou, Olivier Adam lui-même.