Une nouvelle mineure dans l'oeuvre de Stefan Zweig
En commençant à lire cette nouvelle je n'ai pas accroché, peut-être parce que je trouvais la souffrance du père un peu démesurée comparée à l'action de sa fille. J'imagine que l'époque y est pour quelque chose. Les deux premier tiers de "Destruction d'un coeur" ont donc représenté une lecture laborieuse pour moi.
Puis est arrivé le sublime passage du malaise et de la destruction physique du coeur, si bien écrit, si bien décrit et si original également. J'ai assisté ensuite à la déchéance de ce père, attristé par sa situation. Son agonie est à mon avis trop rapidement racontée par rapport à l'origine de celle-ci qui traîne en longueur sans que la situation ni même ses sentiments ne se modifient vraiment.
J'ai également apprécié le fait que l'on entre directement dans le sujet, sans passer par un narrateur qui évoque des souvenirs, comme c'est souvent le cas chez Zweig. Ici, ça a allégé le récit et ce fut plutôt une bonne chose.
En conclusion, "Destruction d'un coeur" est nettement en-deçà de "Vingt-quatre heures de la vie d'une femme", "La confusion des sentiments" ou même "Le joueur d'échecs" en termes d'émotions, d'intensité et de description de la passion qui mène à la folie. C'est à mon avis une nouvelle mineure dans l'oeuvre de Zweig.
Cette nouvelle était suivie de "Le jeu dangereux" dans le livre que j'ai lu, autre nouvelle d'une quinzaine de pages. Le format empêche Zweig de bien approfondir la psychologie de ses personnages mais on se régale à la lecture et on apprécie le retournement de situation final dans la mesure où il rend justice à l'ordre des passions.