Cela devait arriver. La guerre a détruit la planète à coup de bombes et d'armes chimiques. L'Apocalypse a eu lieu et son auteur porte un nom, Carleton Lufteufel. Quelques dizaines d'années plus tard, l'homme est vénéré tel un dieu : Deus Irae, le Dieu de la Colère.

À Charlottesville, Tibor McMasters, homme tronc et peintre talentueux, est chargé par l'église de retrouver Carleton Lufteufel afin d'en réaliser le portrait.


Deus Irae est parti d'un jeu littéraire entre deux auteurs, Philip K. Dick et Roger Zelazny. Un cadavre exquis, pour être plus précis : l'un écrit un bout de l'histoire, puis l'envoie à l'autre qui le continue, le renvoie, et ainsi de suite. Une douzaine d'années leur a été nécessaire pour en arriver à bout.


N'ayant jamais lu d'autre romans de Zelazny et finalement assez peu de Dick, je dois avouer ne pas pouvoir reconnaitre quels chapitres ont été écrit par tel ou tel auteur. L'ensemble est très cohérent dans l'écriture et de toute manière le roman, une fois terminé, a sans doute été retravaillé avant publication.


Une large place est faite à la religion, thème central du roman. Dans ce futur post apocalyptique, le christianisme est battu en brèche par le nouveau culte du Deus Irae qui semble être en tout point son antagoniste. L'histoire débute par de longs échanges philosophique certes très intéressants (pour peu que vous ne soyez pas allergique au sujet) mais un peu confus par moment.


J'ai été plus enthousiasmé par le récit quand Tibor a enfin entamé son voyage. Tibor l'incomplet, dans son char robotisé tracté par une vache, est un personnage haut en couleur. Par certains côtés, l'odyssée de Tibor m'a fait penser à du Jack Vance, pour ses nombreuses rencontres et péripéties insolites, même si le ton est bien plus sombre chez Dick et Zelazny.


Les retombées chimiques de la guerre ont causés de nombreuses mutations, tant chez les hommes que chez les bêtes, donnant prétexte aux deux auteurs pour se faire plaisir en imaginant des créatures toutes plus baroques les unes que les autres. Le roman foisonne de bonnes idées en la matière.


Je suis un peu plus mitigé concernant la fin. Si j'ai apprécié le twist – on sent ici clairement la patte de Philip K. Dick –, j'ai moins aimé le côté moralisateur. J'aurais préféré une fin plus cynique.

Mais cette fin un peu décevante et quelques problèmes de rythme, n'empêchent pas ce roman d'être excellent. Une balade à la fois poétique, philosophique et mélancolique.

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le 31 mai 2023

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Loki Asgarder

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