Mères perdues
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Cette Epître, qui s'annonce comme cosignée par « Paul, Silvain et Timothée », ne serait peut-être pas de Paul, mais de son entourage.
Dans la Première Epître aux Thessaloniciens, Paul annonçait l'incertitude de la date du « Jour du Seigneur ». A l'évidence, cette idée a fait son chemin dans les esprits des fidèles, qui ont spéculé là-dessus, et dont certains se sont persuadés que cette Fin des Temps était imminente. D'où des comportements « désordonnés » et « indisciplinés » chez certains : à quoi bon, en effet, construire sa vie à long terme, en travaillant par exemple, si Jésus revient demain matin ? Mieux vaut prêcher la conversion, et se faire entretenir par les fidèles...
Or, Paul, peut-être un peu dépassé par l'effet qu'ont produit ses propres paroles, cherche à remettre les Thessaloniciens dissidents au travail. Et c'est là qu'il conforte l'aliénation de l'homme par le travail (Marx ne disait-il pas lui-même que « le travail est l'essence de l 'homme » ? Comment l'homme pourrait-il avoir une « essence » s'il ne travaillait pas ?) : « Que celui qui ne veut pas travailler ne mange pas ! ». On conçoit que nos bons vieux anarchistes, toujours à réclamer une vie gratuite et sans effort, aboient contre le christianisme !
Cette exaltation du travail va servir indiscutablement à justifier l'exploitation des paysans et des ouvriers dans tous les pays touchés par le christianisme. Evidemment, il paraît qu'on travaille et qu'on exploite aussi dans des pays non chrétiens, comme quoi les réalités anthropologiques concrètes l'emportent régulièrement sur les représentations idéologiques que les hommes en construisent avec les mots de leur temps...
Par contre, dans l'optique des spéculations gnostiques, manichéennes et hermétiques de l'époque alexandrine, il n'est pas sans intérêt de voir comment Paul personnifie le retour du Mal, comme prélude à la fin des temps. Selon Paul, le Monde est déjà livré aux agissements de « L'Inique » (qui serait donc une entité maléfique), qui n'est pas Satan lui-même, puisque cet « Inique » bénéficie de « l'énergie de Satan ». Et que fait cet « Inique » ? Il abuse son monde, au moyen de « toute sorte de puissance, de signes et de prodiges mensongers », et que Dieu a envoyé pour jugés tous ceux qui, au lieu de se fier à la vérité, ont approuvé l'injustice. Si, sous le calame de Paul, cet « Inique » a probablement une signification très conjoncturelle (désignant, par exemple, les chrétiens douteux de Thessalonique qui dévient de la voie paulinienne en prêchant l'imminence de la Fin des Temps tout en se faisant entretenir par leurs ouailles), les penseurs ésotériques contemporains et plus tardifs peuvent amplifier l'image en en faisant un démiurge mauvais, un prophète de malheur, qui conduira, par ses mensonges et tromperies, l'humanité à sa ruine finale, juste avant le retour de Jésus.
Ainsi, la Parousie annoncée revêt des potentialités d'amplification apocalyptique.
Créée
le 12 févr. 2012
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