Critique rédigée en décembre 2017
Discours sur le bonheur n'est peut-être pas un livre que j'aurais lu, et encore moins découvert par moi-même (je ne connais rien d'autre par ailleurs de l'oeuvre de Madame du Châtelet), non, il s'agit d'abord d'un de mes supports du bac français, catégorie oeuvre argumentative.
Ce court texte philosophique globalement assez méconnu nous fait part, comme son titre l'indique, de la vision du bonheur d'Emilie du Châtelet, femme de lettres et physicienne épouse de Voltaire durant une quinzaine d'années.
Une vraie petite merveille ! 38 pages qu'on lit d'une traite avec le sourire aux coins des lèvres, voilà comment je décrierais au premier abord cet ouvrage. Celui-ci est une libération métaphysique pour les lecteurs qui, comme moi, remettent beaucoup en question l'utilité de vivre en cherchant à se décontracter mais aussi pour l'auteure, puisqu'au XVIIIème siècle la Femme n'a pas eu l'image d'artiste et n'était réduite qu'à des rôles secondaires (la preuve, elle a été traductrice, chose qui n'était pas souvent rappelée à l'époque), un siècle et quelques avant les premières publications signées un certain George Sand.
C'est sans doute par son quotidien que du Châtelet à réussi à constituer cette magnifique réflexion sur le bien-être puisque ici, il est question de l'opinion que doit se forger l'Homme sur quelqu'un ou quelque chose, de l'entretien de ses passions et ses plaisirs, ou même l'acceptation du faux dans une part de vérité, faisant une part de nous et rendant la vie plus fantaisiste, donc moins terre à terre (à titre de comparaison ce serait comme associer un rêve dans la réalité). Tous les éléments présentés dans l'oeuvre nous concernent tous plus ou moins et la lecture est donc très accessible à tous.
Certaines maximes (phrases énonçant une ou des vérités générales) m'ont interpellé et j'ai dû en lire d'autres plusieurs fois pour être sûr de les avoir bien comprises, je pense notamment à celle-ci :
Une passion, telle que je viens de la peindre, produit un abandonnement de soi-même qui rend incapable de tout art [...] mais bientôt la certitude d'être aimé, et l'ennui d'être toujours prévenu, le malheur de n'avoir rien à craindre, émoussent les goûts.
L'identification m'est automatique et la morale m'a fait chaud au coeur.
Madame de Châtelet balaie avec sa plume toute trace de haine et de violence pour rentrer en contact avec ses lecteurs et leur offrir un message optimiste qui leur est d'une grande utilité. L'un des plus beaux livres philosophiques que j'ai lus.