Résumé
Magnifique(s) discours sur les déterminants du racisme et de la colonisation. Malgré quelques défauts.
Détails
Aimé Césaire opte pour un style direct qui ne ménage pas l'oppresseur colonial en le comparant directement à Hitler. Le rapprochement plus que la comparaison est pertinente tant elle permet de dénoncer l'hypocrisie des pseudos standards moraux de l'Occident, plus enclin à dénoncer l'horreur quand la victime à la peau blanche.
Sans hiérarchiser les luttes entre antisémitisme et négrophobie, ce texte permet de comprendre toute l'abomination coloniale dont Aimé Césaire va judicieusement déconstruire les mythes racistes des colonisateurs, avec une prose à la fois subtile, ironique et tranchante. J'ai particulièrement apprécié la manière dont il nommait certains des responsables de cette vision suprémaciste et raciste, non seulement pour mettre des noms sur ce qu'est le racisme et le colonialisme, mais également pour démontrer comment les récits historiques, scientifiques, littéraires et donc, au final, politiques, façonnent la réalité tout autant que la réalité les façonnent.
On pourra toutefois regretter l'absence d'une approche genrée de la lutte, menant à l'invisibilisation de la femme noire, ainsi que certains passages fétichisants sur les nations colonisées. Notamment quand il affirme qu'elles seraient démocrates dans l'ensemble et ce, quasiment par essence. Par ailleurs, si l'on comprend très bien le contexte dans lequel baignait l'auteur, la mention de l'URSS comme modèle aurait mériter une note de l'éditeur.
Enfin, le Discours sur la Négritude permet de préciser le concept et de revendiquer fièrement l'identité noire, non pas comme un sectarisme mais comme un outil de lutte face à l'oppresseur colonial.
8/10
Version lue : Publiée le 11/07/2000 chez Présence Africaine ; EAN : 9782708705319