Dr Fisher de Genève par THobbes

Il y a une clarté et une percussion dans ce roman qu'on ne trouve pas partout. Greene nous fait progresser à travers les pages dans le piège qui se referme progressivement sur ce pauvre Monsieur John. Et ce piège, c'est celui du Docteur Fischer. Il est très simple : le Docteur tient à savoir jusqu'où peut s'exprimer la bassesse et la cupidité de l'homme. Jusqu'où ce dernier peut-il aller pour voir une richesse inutile s'accroître encore ? Irait-il jusqu'à s'humilier ? Se rendre volontairement malade ? Mettre sa vie en péril ?
Ce Docteur Fischer prend en épaisseur au fil du roman, en parallèle d'une solidité et d'une paix que gagne Monsieur John. Un parallèle qui ne cesse de s'accroître et qui ne peut mener qu'à la confrontation. Et il me semble que le roman est suffisamment bien écrit pour que cette destinée se dessine avec plaisir dans l'esprit du lecteur qui veut comprendre : pourquoi ces plans ? Qu'est-ce qui mènera ces hommes à cette destinée de confrontation ? Qu'en ressortira-t-il ?
C'est d'ailleurs là que se trouve, à mon humble sens, la seule critique négative que l'on peut formuler au roman : sa brièveté. Une brièveté qui ne peut mener qu'à une certaine frustration. Celle de ne pas tout avoir en terme de réponses. Car l'écriture est tellement légère, tellement limpide, et presque tellement personnelle, qu'une cinquantaine de pages supplémentaires n'auraient pas pu paraître punitives. Alors pourquoi se priver ?
Mais, dans l'ensemble, une telle critique négative ne peut s'adresser qu'à une œuvre particulièrement réussie.