Remarqué grâce à Black Sunday, son premier roman, l'écrivain Thomas Harris allait, l'air de rien, donner naissance à un des personnages les plus fascinants de la littérature (et encore plus du cinéma), j'ai nommé Hannibal Lecter, "héros" d'une saga comprenant pour le moment quatre volume.
Pourtant, il ne tien dans Dragon rouge, premier volet de la tétralogie, qu'un rôle extrêmement secondaire, presque anecdotique si son aura trouble ne pesait pas autant sur tout le bouquin. Peut-être pas encore conscient de la puissance de son protagoniste cannibale, Thomas Harris préfère coller aux basques d'un autre esprit troublé, Francis Dolarhyde, être fragile et torturé aussi froid qu'un reptile, fasciné par le célèbre tableau de William Blake, Le grand dragon rouge et la femme vêtue de soleil.
Un tueur en série marquant et véritablement flippant, esquissé dans toute sa complexité, l'auteur nous décrivant à la fois ses pensées, ses démons, ses fêlures, son quotidien et bien entendu sa traque. Car si Dragon rouge nous dévoile rapidement l'identité du tueur (nous ne sommes clairement pas dans un whodonit), il n'en ménage pas moins un suspense savamment dosé, surtout pour l'époque.
Si l'ensemble accuse un peu son âge et si le style de Thomas Harris pourra paraître passe-partout, Dragon rouge est un polar efficace et plutôt prenant, grâce à ses personnages forts et à son ambiance pesante et inconfortable, proposant même par instants quelques moments en état de grâce.