... je me suis finalement décidée à me pencher sur le roman.
Il va sans dire que j'ai fini par connaître par coeur les dialogues du film de la BBC, à tel point que je peux me passer du son lorsque je lance le DVD. Et pourtant, même en connaissant tous les retournement de l'intrigue, je me suis laissée emportée par le récit de Sarah Waters, dont je n'ai pu décrocher avant la dernière ligne.
Parce que je vis depuis de trop nombreuses années en compagnie de Sue et Maud, l'objectivité fait nécessairement défaut dans l'avis que je porte sur cette oeuvre. Tout ce que je suis en mesure de constater c'est que, là où le film me faisait simplement retenir mon souffle, le roman m'a serré le cœur, noué la gorge, m'a portée jusqu'au larmes et m'a arraché des cris.
Non seulement cette immersion dans la tête, tour à tour, des deux héroïnes, creuse les personnages dans toute leur complexité, dans leurs revers aussi atroces qu'humains. La structure du récit renforce l'impact de chaque non-dit, de chaque secret, de chaque tromperie et toute révélation - même quand on la connaît d'avance - s'abat sur le lecteur comme une pluie diluvienne, un énième électrochoc. Mais ce qui porte le tout, en fin de compte, c'est le verbe à la fois cru et délicat de Sarah Waters qui parvient à incarner tant le tabou que la profonde sincérité de cet amour néo saphique.
"Du bout des doigts" est et demeure un chef-d'oeuvre du genre et incontestablement l'un de mes intrigues favorites.