Impossible de ne pas aimer Isabelle Carré, une actrice qui sait allier force et fragilité (un vrai poncif, mais bon) avec des rôles où s'exprime une belle sensibilité. On l'aurait bien vu réalisatrice mais elle a choisi l'écriture, ce qui lui a plutôt réussi si l'on considère l'accueil réservé à son premier roman. Et voici le deuxième, un vrai test pour confirmer ou non son talent d'écrivaine. Isabelle Carré se place Du côté des Indiens, autrement dit proche des cabossés de la vie, des perdants magnifiques qui y croient encore malgré les traumatismes, plus ou moins enfouis. Elle n'a pas un mais quatre personnages principaux qui lui permettent de balayer pas mal de sujets : l'enfance, le couple, la maladie, la prédation (masculine), etc. Ne serait-ce pas trop dans un livre qui joue avec les temporalités et se perd parfois dans des descriptions un peu longuettes des états d'âme de ses protagonistes mais aussi de leur environnement, jusqu'à une chambre d'hôtel sans attrait ou un tournage de cinéma, détaillés de long en large ? Autre constante du livre : les références, multiples, cinématographiques ou littéraires qui ne font qu'alourdir l'ouvrage. Le style, lui, est très appliqué, sage comme une image, qui ne parvient pas à créer un véritable souffle romanesque. Bien sûr que l'on peut-être sensible à la délicatesse de dentellière du livre mais l'ensemble manque d'un peu de vivacité et pour tout dire, d'humour. La fin, surprenante, suscite un peu d'incompréhension eu égard à tout ce qui a précédé. C'est vraiment frustrant de n'avoir pu s'attacher davantage aux différents personnages d'un roman bien décevant, en définitive, qui a le tort de vouloir trop embrasser et partant, de mal étreindre.