La rentrée littéraire sur les radios de l'Arc jurassien

Au Domaine des Murmures vit Esclarmonde. Elle a 15 ans, est très jolie et pleine de vie.
Son père la trouve si belle qu'il lui est difficile de la céder à un prétendant.
En 1187, quand on est en âge d'affoler toute la gent masculine des domaines alentours et qu'on possède une belle dot et le sang d'une fière lignée, on n'échappe pas au mariage.
Mais Esclarmonde a des rêves, et le destin qui lui est promis lui fait horreur. Elle décide de se réserver pour la seule personne capable de tenir les hommes en échec et de leur arracher une vierge, le Christ. Le jour de son mariage forcé, elle oblige son père à lui construire une chapelle au domaine, avec une cellule attenante, et dans cet espace étroit, elle sera emmurée vivante jusqu'à la fin de ses jours.

En lisant Carole Martinez, on se prend à rêver à cette époque Moyen-âgeuse, à se fondre dans le décorum, et bien qu'immobile, Esclarmonde nous fait voyager. Elle est vue comme une sainte qui prodigue des miracles, sa parole suscite le respect des pélerins qui viennent la visiter et se confier. Mais la jeune femme qui n'a plus rien de l'ado de 15 ans lorsqu'elle a pris sa décision, s'ennuie au fond de sa cellule, alors que le monde regorge de vie et qu'elle-même se trouve recluse entre-deux mondes.

A travers l'héroïne, on entrevoit la détresse de femmes qui n'ont que la religion pour fuir, qui vont jusqu'à s'emmurer vivantes pour ne pas céder aux rites de leur époque.
Presque mille ans plus tard, on assiste au même scénario, aux mêmes conditions pour une femme qui devrait s'être libérée de ses carcans, du poids de la virginité, de la sexualité, de la maternité. Une femme qui aujourd'hui ne s'emmure plus que par métaphore parce que la religion n'a preque plus de poids.

Carole Martinez ne pose pas de jugement, elle ne fait que montrer. Elle nous incite à entrevoir la triste évolution des conditions féminines.
C'est avec un talent de grande conteuse, qu'elle nous immerge dans ce désir d'enfermement, en parlant de la femme sans militantisme et tout en finesse.
Mei-mei
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le 23 août 2011

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