LES PÂQUES À NEW YORK (avril 1912) (Extraits) :
Poème enragé d'espace où les VERBES rythment la folle cadence des actions humaines, accélèrent les pulsations du temps. Dans ce tourbillon de matière, Blaise le solitaire explore les profondeurs de l'être.
"Seigneur, l'aube a glissé froide comme un suaire
Et a mis tout à nu les gratte-ciel dans les airs.
Déjà un bruit immense retentit sur la ville.
Déjà les trains bondissent, grondent et défilent.
Les métropolitains roulent et tonnent sous terre.
Les ponts sont secoués par les chemins de fer.
La cité tremble. Des cris, du feu et des fumées,
Des sirènes à vapeur rauquent comme des huées.
Une foule enfiévrée par les sueurs de l'or
Se bouscule et s'engouffre dans de longs corridors.
Trouble, dans le fouillis empanaché des toits,
Le soleil, c'est votre Face souillée par les crachats." (...)
"Seigneur, je rentre fatigué, seul et très morne...
Ma chambre est nue comme un tombeau...
Seigneur, je suis tout seul et j'ai la fièvre...
Mon lit est froid comme un cercueil...
Seigneur, je ferme les yeux et je claque des dents...
Je suis trop seul. J'ai froid. Je vous appelle...
Cent mille toupies tournoient devant mes yeux...
Non, cent mille femmes... Non, cent mille violoncelles...
Je pense, Seigneur, à mes heures malheureuses...
Je pense, Seigneur, à mes heures en allées...
Je ne pense plus à Vous. Je ne pense plus à Vous."