Cette pièce est absolument magnifique, aussi noire que belle, Giraudoux sait exposer l'âme humaine et les passions qui la déchirent et ceci non sans un peu d'humour. Il sait jouer avec les mythes pour proposer quelque chose d'aussi différent de Sophocle, sans pour autant lui nuire, tout en étant également atemporel.
Parce que voir cette Electre qui contrairement à Sophocle est un personnage qui fait les actions et qui ne les subit plus, qui pousse son frère Oreste à tuer sa mère et son amant... voir des personnages aussi ambigües, je pense à Egisthe, qui semble agir pour le bien commun, qui semble se doter au fur et à mesure de la pièce d'une sorte d'aura royal et de sens du droit et de la justice... avec un oiseau qui plane au-dessus de lui... renforçant encore par la mise en scène l'idée de cet aura grandissante... jusqu'à qu'on se rende compte que c'est un vautour...
Et puis il faut bien le dire, c'est magnifiquement bien écrit, j'ai noté plusieurs phrases que je trouvais magnifiques "le seul bonheur que j'ai connu en ce monde est l'attente", "Pas une barbe, un Soleil. Un Soleil annelé, ondulé. Un Soleil d'où venait se retirer la mer", "Une époque heureuse c'est l'unanime capitulation" (pas anodin de dire ça en 1937), etc.
C'est vraiment une pièce qui m'a emporté et que j'aurai vraiment envie de voir sur scène.