Ellana aurait mieux fait de mourir.

Mon titre un peu difficile le laissait sans doute présager, mais j'ai été déçue par ce livre, comparé aux deux précédents. Entre le deuxième et le troisième tome, j'ai relu les six Ewilan, pour avoir bien l'histoire dans la tête et reprendre correctement sur la fin du pacte des marchombres. Et j'ai vu peu à peu le personnage faiblir, perdre de sa force et devenir de plus en plus banal - non pas de ses aventures, mais de la manière de se comporter, tandis que Bottero essayait tant bien que mal de rattraper le coup avec l'humour du personnage qui faiblissait aussi. J'avais l'espoir, comme le pacte des marchombre a été écrit après Ewilan, que Ellana reprenne de nouveau son identité, mais non, elle l'a déchaussé sur le bord d'une route, et ne l'a aboslument pas retrouvé dans ce dernier moment.

La plume est bien moins bonne. Certes, il y a plus d'aventures dans ce tome-là que dans les deux autres, mais elles sont contées d'une manière bien plus banale, et il n'y a dans l'écriture de Bottero plus de quoi se réjouir vraiment : de plus en plus de maladresse, de description qui n'ont rien d'originales et du mal à couvrir le cliché de son fond... Une bomme partie de la poésie est amputée, également : il n'y a plus de ces mots trop mis en avant pour impressionner, mais, en contrepartie, aucune fulgurance, ni expression vraiment intéressante... Un gros moins pour ce point.

L'histoire, c'est toujours la même, jolie mais un peu clichée, et puis je n'ai pas accroché sur ce tome là. Pendant qu'Ellana agonise (oui, elle agonise à un début du livre, je ne spoile sans doute pas), elle se remémore les évènements d'avant, évènements entrecoupés par des petits paragraphes où l'auteur décrit sa douleur d'une manière très très fade, et le tout, s(il est intéressant e fait bien découvrir son univers, a totu de mêm parfois un petit gout mécanique ou trop forcé. D'encyclopédie. Et de suspens maintenu trop longtemps, trop artificiel, qui lasse au bout de deux cent pages. Ensuite, on se retrouve avec l'évènement improbable qui lui sauve la vie, elle se rétablit er repart à la recherche de son enfant, un passage trop rapide entre temps. De l'autre côté, on a ses amis qui essaient de la venger, en quelque sorte, et qui parviennent à réunir des soutiens assez rapidement, d'une manière qui frôle l'impossible - on sent bien là qu'il y a un ocup de pouce de l'auteur et des ficelles trop tendues. La fin de l'histoire ne surprend pas outre mesure, et j'ai eu la nette impression de lire en six cent pages ce qui aurait pu être racourci en cent, et encore une fois d'un énorme potentiel jeté à la poubelle (je le dis sans cesse pour les romans de Bottero, de toute manière).

Mais ma plus grande déception va envers Ellana ; personnage plus ou moins intéressant et développé dans les premiers tomes, l'auteur me semble rater chaque occasion de l'approfondir, et elle devient, surtout suite aux quêtes d'Ewilan, un personnage banal qui tire parfois vers le fade. Elle ne se détache plus des pages du livre pour devenir vraiment quelqu'un, et elle me semble emprisonnée, emprisonnée dans la plume de l'auteur et dans ses contraintes. Drole de paradoxe, alors que Bottero nous rapelle sans cesse qu'elle est marchombre, et libre. Moi, je crois qu'Ellana s'est perdue dans un détour de la quête d'Ewilan, et je crois que je ne la retrouve plus dans celle qui l'a remplacée ; alors oui, j'aurais sans doute préféré qu'elle meure, pour ses choix, qu'elle meure parce qu'elle choisit de mourir en réalité, et qu'elle demeure comme une ombre insaisissable, l'écume de belles vagues.

Ici, elle ne fait qu'une figure pâle, et j'en sors profondément déçue de ce bouquin, qui est bien en dessous des deux autres à mon gout. De trop.