L'univers n'est pas de poésie, il est de pensées qui s'ignorent.
Ce livre est ma faiblesse. Autant je n'ai jamais trouvé que Pierre Bottero était un quelconque maitre dans sa manière d'écrire, autant cette trilogie là me laissera une bonne impression qu'il serait difficile de trouver dans nombre de bouquins plus renommés - à raison pourtant, dans la maturité de l'écriture, et de l'histoire. Voilà pourquoi mon 9, et non pas un 7 ou un 6, notes qui m'auraient pourtant semblé plus justes.
Le style n'a rien de particulier, je le dis bien. Souvent, je le vois vanté, je vois vanté sa poésie, dire qu'il est sublime. Pour moi, non. Il n'est pas mauvais, mais n'a rien de tant poétique - mis à part des fulgurances qui reviennent plus ou moins fréquemment. La poésie la plus appuyée, la plus mise en avant, celle des marchombres par exemple, n'a rien d'original, et, en regardant bien, prend un côté banal et déjà vu. Non, ce qui est le plus intéressant à lire, ce sont les non-dits qui apparaissent parfois, au détour d'une page, furtivement, qui déposent un mot devant nos yeux, l'embelissent, le mettent en valeur, jusqu'à ce que notre souffle le brise. Eux, ils sont remplis d'une poésie et d'une pensée qui s'ignore, sans prétention cotrairement au reste, nus si j'ose dire. Ils s'offrent simplement, et ce sont les seuls à être sublimes. Pour moi, bien évidemment.
L'histoire n'a rien non plus de particulier. Une jeune fille, orpheline, à la recherche de ses origines tout d'abord, puis à la recherche de sa liberté - liberté qui est décrite un peu naïvement au fil des pages, qui est trop embellie, trop mise en valeur (à force de chercher la liberté, on s'entrave soi-même, et les personnages de Bottero finissent par s'entraver à force de trop chercher à se libérer de leur monde). Certes, elle est camouflée pour ne pas sembler ainsi, et il y a quelques nouveautés : les Petits, qui ressemblent à des elfes, mais sont décris autrement.
Le personnage, donc, Ellana, est un petit peu stéréotypé - une jeune fille qui apprend l'art du combat et devient une belle guerrière - bien qu'il se distingue parfois par son humour. Non, le personnage d'Ellana n'a rien d'original en soi, même s'il n'est pas trop mal creusé ; cependant, l'histoire me semble tournée d'une manière que l'on ne retrouve pas toujours, très rarement même dans les romans pour adolescents. La jeune fille, on la sent toute entière au centre du monde, au centre du roman, et il n'y a qu'elle ; les gens qu'elle croise, son maitre, ne sont que des échelons, des échelons attachants, des échelons humoristiques - mais elle est au dessus de tout cela, elle est sensibilité et manière de vivre. Effet un peu prenant.
Et puis Ellana, malgré ses défauts, malgré ses faiblesses dans son caractère, reste un personnage plein d'humour intéressant à regarder évoluer - surtout lorsque le style de l'auteur laisse dans ses paroles une de ces phrases en poésie ignorée, comme je l'ai dit la veille. Très prenante dans ses réactions. Ce qui lui manque, encore, c'est un caractère un peu plus détâché de cette poésie banale qui transparait d'entre les pages. Mais je ressentirais toujours un petit pincement au coeur en pensant à elle, parce que c'est le premier personnage, de tout les livres que j'ai lu, qui ne se soit jamais détaché de l'identité donné par l'auteur. Pour moi. Je m'explique. Ellana n'est plus un personnage, elle est devenue un concpet, un concept un peu naïf de liberté et de discrète poésie, mais un concept tout de même. Elle a pris une identité, elle s'est détaché du livre qui l'entrave, et elle s'est fondue dans la foule, comme ça ; simplement. Non pas qu'elle soit devenue quelqu'un que je connais ; juste une personne à rencontrer, qui se cache peut-être. D'ailleurs, pour moi, elle ne s'appelle pas Ellana, ce prénom est faux, elle s'appelle Elena ; et c'est le premier personnage auquel j'impose un autre prénom, parce que le premier me semble faux. Je ne crois pas à son existence, donc ; mais elle a pris une certaine indépendance vis à vis de l'auteur très agréable à regarder et à façonner.
Voilà mon avis. Le pacte des Marchombres n'est pas un chef d'oeuvre, donc, mais il dissimule bien ses clichés. Il me semble que si l'auteur était encore en vie, s'il pouvait encore faire un peu de cette poésie qui s'ignore, modifier ceci, on aurait pu advernir à quelque chose de très correct. Mais il est mort (RIP) et on se retrouve finalement avec un livre et du potentiel inexploité, qui aurait sans doute été intéressant à redévelopper avec un peu de recul.
Dommage... L'ensemble reste très correct et prenant, toutefois.