Elle qui chevauche les tempêtes est un roman raté.
Pas trop mal écrit, il comprend quelques belles descriptions, une petite touche de poésie et se déroule dans un univers plutôt cohérent. En revanche, deux éléments viennent mettre du plomb dans l'aile à cette histoire : la psychologie des personnages et le rythme du récit.
Pour la première mention, les personnages semblent tous plus idiots les uns que les autres, hormis peut-être Dorrel et Garth, tout à fait secondaires, et sont développés quasiment de la même manière : aucun sens logique, ils sont tous farouchement égoïstes et ne sont capables de penser qu'à l'aune de quelques émotions primaires, telles que la colère, la rancune, la peur et le désir de voler. La palme, que dis-je, l'Aile d'Or de la bêtise revient bien entendu à notre héroïne, qui se rend compte d'une page à l'autre que ses actes ont des conséquences (ouah ! quel retournement de situation inattendu !) mais qu'en plus elle agit bêtement, sans jamais vraiment se remettre en question ou essayer de changer cela. Les personnages sont agaçants, et bien que les auteurs aient essayé de les faire évoluer, leur développement reste trop superficiel pour qu'on y attache grand intérêt. Et puis, tout semble trop facile pour cette idiote de Mariss, qui réussit tout ce qu'elle entreprend sans vraiment trop se fouler...
Ensuite, vient la question du rythme et des choix narratifs. Peut-être mon horizon d'attente, qui me laissait imaginer de belles cavalcades sur les vents au lieu d'interminables conciliabules pseudo-politiques, m'a joué un tour, mais je reconnais avoir trouvé peu d'intérêt à la longue à ce qu'on nous racontait. Certes, il était pertinent d'évoquer certains enjeux, sociaux et politiques, pour bien comprendre cette caste de messagers volants, mais tout cela est interminable et sonne faux tant les arguments de chaque partie semblent parfois stéréotypés. Toute l'histoire ne se résume qu'à ces questionnements, fades et sans intérêts, et on a l'impression de subir l'histoire plutôt que la vivre. Enfin sur le rythme, les auteurs ne parviennent pas à passionner, tout cela reste morne et plat, et le récit bat souvent de l'aile. Au-delà des enjeux factices, ils ne parviennent pas à générer de véritables tensions, nerf de la guerre de la narration. Jamais je n'ai ressenti cette envie, ce besoin fébrile, de tourner la page pour découvrir ce qu'on me réservait, car je le savais déjà : un personnage qui se dispute avec Mariss, Mariss qui est triste et ne comprend pas bien, Mariss qui arrive à ses fins parce qu'elle est bête mais super douée pour obtenir ce qu'elle veut.
Je crois que c'est l'ambition des auteurs, qui ont voulu créer puis chambouler un monde aux castes rigides et contestables, qui a crashé ce récit, donnant la priorité à la contestation d'un ordre établi dont on apprend le fonctionnement au cours de longues discussions ennuyeuses sans nous laisser vivre par nous-même ces dysfonctionnements sociaux. Ainsi, on se retrouve avec un roman caricatural et emprunté, qui développe une histoire sans subtilité aux enjeux pour lesquels il est difficile de se passionner.