En attendant les barbares par MarianneL
« Waiting for the Barbarians », roman de 1980, est une parabole universelle contre la haine et la répression, mais aussi bien sûr contre les violences et le déchaînement du régime sud-africain à l'encontre des noirs à cette époque.
L'action se déroule dans un temps et un lieu indéfini, dans une petite ville d'avant-poste aux confins d'un Empire. L'arrivée du colonel Joll, monstre tortionnaire au service de cet Empire, va bouleverser la vie des habitants et du narrateur, magistrat de cette cité paisible. L'Empire ne va cesser de grossir la menace des attaques de barbares venant du désert environnant la cité, pour justifier arrestations arbitraires, violence et tortures.
Le magistrat, homme vieillissant mais lucide, complice longtemps passif, intérieurement torturé par ce dont il est le témoin, va s'attacher à une femme «barbare», elle réellement torturée et défigurée par le colonel. Il va finalement s'élever contre les exactions du colonel et des soldats de l'Empire ; il sera ainsi accusé d'intelligence avec l'ennemi et à son tour victime des exactions du pouvoir.
« En attendant les Barbares » est un roman poignant, dont la lecture est une angoissante descente aux enfers.
« La souffrance, c'est la vérité : tout le reste est soumis au doute. Voilà ce que je retiens de ma conversation avec le colonel Joll, cet homme aux doigts fuselés, aux mouchoirs mauves, aux pieds minces dans des chaussures souples, que je ne cesse d'imaginer dans la capitale qu'il a visiblement hâte de retrouver, chuchotant avec ses amis dans les couloirs d'un théâtre, à l'entracte. »
« Je ne peux pas sauver les prisonniers : que je me sauve donc moi-même. Que du moins l'on dise, si l'on en vient un jour à le dire, s'il existe un jour, dans un lointain avenir, quelqu'un que notre façon de vivre intéresse : dans cet avant-poste extrême de l'Empire de la lumière, il y avait un homme qui, dans son cœur, n'était pas un barbare. »