Un grand Spinrad, percutant et déjanté, comme je les aime : l'action se déroule sur 8 jours et quasiment en huit-clos, dans les locaux d'une minable station de télé de Los Angeles, KLAX-TV, dont le personnel - plutôt réduit - est pris en otage par les Brigades Vertes. Ces brigades vertes sont des éco-terroristes, dont les méthodes sont proches de celles des groupes armés européens des années 70, mais dont le crédo est celui des écolos d'aujourd'hui.
Le roman confronte donc les brigades vertes et leurs otages sur le lieu de l'action (et de ses multiples rebondissements), et donne l'occasion à Spinrad de nous offrir une formidable et hilarante galerie de portraits : les journalistes (le patron de presse, le journaliste vedette, le chroniqueur sportif et la miss météo, finalement pas si nunuche que cela), les brigades vertes qui regroupent assez finement toutes les nationalités et les formes de contestation actuelles (les fanatiques allemands ou japonais, les punks anglais, le geek californien, etc.) et quelques personnages de l'extérieur qui interagissent par téléphone avec ce groupe (la responsable marketing du réseau de diffusion, le négociateur du gouvernement, l'agent). Il va sans dire, qu'avec tout ce petit monde, les dialogues sont excellents.
Ensuite, et c'est l'un des thèmes de prédilection de l'auteur, la trame est construite autour de la confrontation permanente, sur fond donc de crise, entre machine médiatique et idéologies politiques. Laquelle confrontation détermine en définitive le scénario qui vire parfois au loufoque, mais sans jamais perdre sa capacité à ouvrir l'esprit du lecteur...
Voilà, une très bonne lecture, en particulier à proximité de la COP21.