changer de milieu pour survivre
Un roman bourdieusien qui nous entraine dans la "France profonde",celle où règne la télé,la violence tant physique que symbolique et l'usine.Avec bien-sûr l' impossibilité structurelle d'y échapper(même si,modernité oblige,le chômage de masse n'épargne pas le village)
Ce roman est "noir" et sans concession mais on ne peut pas dire qu'il est méchant avec les personnages/personnes qui ont peuplé la vie de l'auteur.
En ressort juste un constat glaçant : Ce n'est pas Eddy qui dans un premier temps a rejeté son milieu à cause d'une "noblesse" lié à sa personne (ou autre essentialisme); seulement son milieu d'origine,structuré en outre par les préjugés de genre (comme toute la société mais à des degrés divers!...),qui ne l'a jamais intégré,malgré ces efforts!
Au "trouble" dans le genre se superpose la sexualité,qui a une place centrale dans le roman, puisque l'homosexualité crée la cassure avec le milieu picard d'origine de l'auteur.(Ce qui l'entraine à le remettre en question).
Le roman est parfois "brute de décoffrage" et des situations peuvent parfois nous heurter tant on voudrait qu'elle soient surannées mais le récit est à la fois efficace et dérangeant ,notamment par une lecture sociologique intelligente .
Au fond, nous ne sommes pas loin de Zola ( Sans les tentatives de résistance des pauvres de Germinal et avec une lecture de la reproduction sociale débarrassée du biologisme...)
On peut saluer le jonglage entre les deux styles de langage pour que la violence pénètre le récit mais aussi tout simplement pour donner le droit à un monde de se définir lui même.
Un roman puissant,parfois peut être trop caricatural, qui nous marque et nous fait réfléchir.Je vous le recommande.