Une nouvelle fois, Anna Gavalda nous offre une histoire plutôt sympathique mal racontée. Quatre personnes plutôt paumées vont apprendre à se connaître et se souder pour se construire, avec moultes péripéties. Parmi eux, la doyenne, Paulette, vieillissante et malade, qu'il faut prendre en charge, Camille, femme de ménage déprimée passionnée par la peinture et la musique, Franck, le petit-fils de Paulette, cuisinier roturier sans le sou ni vraiment la manière mais très généreux, et Philibert, l'aristocrate fin de race, dégingandé, hyper-timide et bègue.
L'action s'anime à partir de la troisième partie? Compter pluseurs centaines de pages ; car, hormis les cinquante premières, désopilantes, avec des répliques dignes des Inconnus ou de Groland, qu'est-ce qu'on se voit affliger de contingences infinitésimales, de détails d'une quotidienneté affligeante !
Il faut que l'auteur apprenne à employer un style un peu plus étoffé que la formule sujet-verbe-complément : j'ai personnellement du mal à être transporté par ça. La langue française est un peu plus riche, mais ça m'a fait souvent penser à autre chose qu'à un roman : les dialogues, nombreux, peuvent être assez drôles et font parfois mouche. Ce pourrait un assez bon scénario, dans le genre de ceux des films de Josiane Balasko. Toutefois, comme elle tourne en dérision ses personnages, cela donne parfois l'impression, peut-être à tort, d'un humour quasi-discriminatoire : "ah, vous voyez, mes personnages, ils sont bien beaufs, hein ? Je les fait bien cons, mais ils ont du sentiment, quant même, c'est ça le truc de mon livre !" Il est d'ailleurs fait allusion aux Deschiens, pas innocemment, me semble-t-il. Les aristocrates ont aussi droit à leur lot de clichés. Un peu "moyen", tout ça !
Il y a des petits passages émouvants, de bonnes idées, mais mal exploitées. Il est dommage d'attendre si longtemps avant que l'action de "décante" et devienne émouvante, en sus de pouvoir être ironique. Le mélange est acidulé, et parfois sympathique. Ca ne me laissera pas un grand souvenir, mais, enfin bon, on va dire que ça passe. Je présente mes excuses à tous ceux, nombreux, qui ont adoré ce livre.