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Comme souvent, j'ai débuté ce roman sur un coup de tête, une envie du moment sans trop savoir quelle direction je prenais et bien m'en a pris car la lecture de ce roman est un nouveau coup de cœur, même si c'est "horrible psychologiquement" d'aimer autant un roman si noir, si cruel, si vrai, si tout...
L'auteur nous propose de suivre Adam et sa famille qui vivent en Syrie et qui vont devoir partir pour s'éloigner du conflit de toute urgence. Pas de retour en arrière possible, un sac, un doudou, Adam laisse partir femme et enfant dans un périple dangereux mais nécessaire avoir l'espoir de les retrouver dans quelques semaines. Objectif et retrouvailles prévus à Calais dans la Jungle.
C'est donc parmi les indésirables migrants qu'Adam va chercher à retrouver désespérément sa famille qui n'est pas au point de rendez-vous. Olivier Norek nous décrit la Jungle avec un œil presque journalistique. Les clans d'immigrés en fonction de leur origine, leur façon de vivre, les mises en garde, les aides humanitaires, la description des lieux et de la vie de la Jungle transpire littéralement des pages, et j'ai aussi transpiré par ses souffrances, ses injustices et la douleur de chacun rencontré, ou presque.
Afin d'équilibrer cet état documentaire des faits, Olivier Norek a développé des personnages charismatiques d'une grande puissance humaine, vengeur mais altruiste, coléreux mais empathique qui réduit la distance entre le lecteur et ce monde.
Comment vous dire que j'ai tout aimé dans ce roman, que ça soit les passages ultra difficiles où j'aurais aimé détourner le regard sans y arriver, ce sentiment d'impuissance que l'auteur nous oblige à ressentir face à cette injustice subie, ces petites victoires et ces déceptions éprouvées pour chacun des personnages principaux ou secondaires, la fraicheur et l'insouciance de la fille de Bastien. Bastien justement second personnage principal dont je n'ai pas encore parlé mais dont j'ai tellement apprécié sa droiture et son honneur de flic. Une main de fer dans un gant de velours qui fait adhérer les autres à ses idées et ses valeurs. Il aime sa femme, il aime sa fille, il aime son équipe, sans doute le personnage le plus lumineux de ce roman et ça fait du bien de voir que tous les flics ne sont pas célibataires, divorcés, boulimiques, alcooliques, lubriques, ... comme nous le propose souvent les auteurs dans ce genre.
Tout est maitrisé, dosé, équilibré, dans la noirceur comme dans la lumière. Oui c'est un roman noir, difficile, brutal à la limite sauvage telle qu'une jungle peut faire penser, où la mort, la violence est omniprésente, mais Olivier Norek arrive à donner de l'espoir, cette étincelle au bout du tunnel grâce à une poignée de personnes qui oublient leur individualisme. Même si inexorablement les choses ne peuvent pas changer. J'ai ressenti de la compassion, du désespoir, de la colère et je me suis sentie si ignorante. Spectatrice démunie. Une véritable claque.