Entre les murs par Brice B
A quelques jours de la sortie en salle du film de Laurent Cantet, adaptation du livre de François Bégaudeau, Entre les murs, le débat divise le corps enseignant et libère les passions des journalistes les plus engagés. François Bégaudeau est prof, il enseigne le français dans un collège public d'un arrondissement populaire de Paris. Dans cet ouvrage qui n'est ni vraiment un roman, ni vraiment un essai, juste des tranches de vie et des morceaux de journées couchées sur papier, Bégaudeau s'expose sans fard, nous livre son métier comme il le vit.
Entre les profs stéréotypés, qui s'écoutent se plaindre à la pause café, et qui jugulent tant bien que mal toutes les difficultés de leur métier ; et ses élèves, pas toujours faciles, pas toujours motivés, et aux origines métissées, Bégaudeau nous offre une vision de l'intérieur, relevant tous les petits détails du quotidiens.
De ses instants qu'il nous livre, on retiendra avant tout que Bégaudeau aime son métier, aime ses élèves. Parfois à bout de nerf, parfois fatigué, il fait ce qu'il semble être juste, compose avec ce qu'il a, et fait ce qu'il peut. Touchant, drôle, parfois dur, il incarne une image presque sympathique du prof, celui qui a toujours la bonne répartie, que rien n'abat.
Alors forcément, quand un prof se met à nu, il offre sa tête à la critique. Le corps professoral fulmine qu'un prof avec "ce genre de méthodes pédagogiques" soit starifié, voit son film récompensé de la Palme d'Or au Festival de Cannes, et soit choisi pour représenter la France à la Cérémonie des Oscars. Qu'importe, on sent chez Bégaudeau un amour contrarié mais bien présent pour son métier et du respect pour ses élèves, même quand il charrie trop. Et on sent surtout, chez ses élèves un peu rebelles, une envie de jouer avec ce jeune prof un peu sympa, de tester ses limites. De ces confrontations perpétuelles, Bégaudeau à su tirer un receuil mordant, drôle et parfois touchant, qu'on ira voir au cinéma et pour cause : lui et ses élèves jouent leur propres rôles !