J'avais vu la Palme d'or de Laurent Cantet il y a quelques années, mais j'en gardais des souvenirs assez flous, d'autant que j'avais vu "L'esquive" de Kechiche à la même période et que les deux films se mélangent dans ma mémoire.
Entre temps j'ai découvert Bégaudeau écrivain (un livre m'a beaucoup plu : "La blessure, la vraie" ; l'autre pas du tout : "Vers la douceur"), donc je souhaitais découvrir "Entre les murs" dans sa version littéraire.
La forme est adaptée au sujet (de courtes tranches de vies juxtaposées, sans lien direct entre elles ; un livre bref qui se lit en 2-3 heures), mais pour ma part ce n'est pas le genre de lecture qui me transporte ni ne me captive : je l'ai surtout picoré dans les transports en commun.
Au niveau du style, on remarque un travail et une réflexion sur l'oralité de la langue, référence directe au langage parlé des élèves.
Même si je n'adhère pas trop à la forme, "Entre les murs" reste une réussite dans son genre : tout en posant l'air de rien son diagnostic sur l'enseignement à la française, le narrateur parvient à nous immerger dans ce collège du XIXème arrondissement, le temps d'une année scolaire.
L'auteur d'origine vendéenne nous fait partager son ressenti, ses doutes et ses espoirs, dans son style très personnel, entre ironie mordante, mélancolie et running gags.
Je trouve qu'il y a quand même trop de personnages, j'aurai préféré en approfondir quelques-uns plutôt que ce défilé permanent de nouvelles têtes. C'est de toute évidence la volonté de l'auteur, mais aucun protagoniste ne se distingue véritablement dans l'esprit du lecteur, ni du côté des élèves ni du corps enseignant.