A l'heure où les fadasses Twilight réinventent avec un succès populaire le mythe du vampire fort passionnant, je me suis dit qu'il fallait que je me plonge dans une des interprétations les plus connues du XXème siècle, à savoir L'entretien avec un vampIre d'Anne Rice, qui donnera tout au long de son roman une signature très fin XIXème à ses personnages et son ambiance. Décadence, métamorphoses, tourments philosophiques et dandysme font entrer l'image du vampire dans la modernité.
Si j'ai préféré Dracula et Carmilla(eux aussi très moderne pour l'époque) plus sombres et synthétiques, je me suis laissé emporter par une écriture fluide et les personnages beaudelairiens de Rice. Personnages avant tout esthétiques, troublés par les sens, gravures de mode, personnages-tableaux enclins au vertige existentiel, déchirés par les passions, écorchés suceurs de sang.
La construction du livre qui décrit une boucle nous fait voyager en calquant les points géographiques sur l'évolution des personnages.Ainsi , la Nouvelle-Orléans réaliste, hostile au charme raffiné introduit Louis, le vampire qui ne pourra se détacher de caractéristiques humaines d'où l'origine de sa quête du moi.Suivront la Transylvanie pour une recherche des origines nous plongeant au coeur d'un roman d'horreur, puis Paris, ville quasi irréelle et magique pour un final aux sources laissant penser dans sa forme à un bouquin finalement sans issue, car les vampires d'Anne Rice sont le terreau idéal des passions humaines. Le langage , au coeur de ce qu'est un entretien confère cette humanité toujours présente et ce besoin de se confesser ou du moins échanger avec un semblable.
L'ambivalence sur la notion de mal et la grande sensualité distillée dans l'acte de transformation ne vont pas sans rappeller des scènes d'extases baroques plus vénimeuses que pieuses.
Solitude, orgueil, prix à payer de l'immortatlité, Anne Rice se place du côté de ses monstres et non des victimes, conférant à son roman une aura presque métaphysique, contemplative, ce que lui reprochent les amateurs de "sensations fortes". Pourtant surviennent sans prévenir de véritables moments épiphaniques qui marquent le rythme de ce très bon livre de genre, ce livre finalement bien subversif.
Ligeia
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le 5 juil. 2012

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