La paix trouvée entre Pans et Cyniks, à l’instar de la disparition du Raupéroden et de la Rauméduse, concluaient le premier cycle d’Autre-Monde : ses principales menaces évacuées, la curiosité était ainsi de mise quant à l’orientation que prendrait la saga de Chattam, les confins inconnus d’une Terre métamorphosée démultipliant le champ des possibles.
Entropia tend toutefois à doucher nos attentes, aussi imprécises seraient-elles : car en recyclant l’imagerie fantastique et ténébreuse des « Rau », lance armée d’un danger niché au nord du continent américain, ce second cycle perpétue le bancal équilibre d’un univers tiraillé entre science et mysticisme. Et tandis que nous parierions volontiers que l’élémentaire « Ggl » n’est jamais que l’incarnation personnifiée d’un célèbre moteur de recherche, nous regretterons surtout que l’auteur recourt à pareil antagonisme pour impulser les voyages de ses protagonistes.
De fait, Entropia pose les bases d’un cycle trop balisé, dans la droite lignée d’un premier aller-retour ne rappelant que trop bien les structures des volumes précédents. Tout le paradoxe étant qu’il y perd en magie et mystère, le compte à rebours étouffant la fraîcheur potentielle de ses (futurs) développements. Certes, comme pouvait l’être la découverte du Canada, la perspective de railler l’Europe conserve un intérêt tout particulier, mais c’est donc l’exécution qui pèche : un constat se retrouvant dans l’intrigue parallèle du Buveur d’Innocence, sympathique de prime abord mais cruellement dénuée de surprise tant la chose semble courue d’avance.
Reste que la lecture d’Entropia n’est pas pour autant désagréable, loin s’en faut : mais à l’image de l’évolution limitée de ses aventuriers en herbe, malgré de chouettes fulgurances, l’ensemble demeure plutôt enfantin… n’en déplaise à ses tentatives horrifiques, timorées de leur état.