Avec cette parodie de livre d'espionnage, Echenoz s'adonne sans retenue à la loufoquerie. Se succèdent notamment : un braquage qui tourne mal, un enlèvement à la perceuse, une interview de Pierre Michon, un suicide dans le métro qui traumatise le conducteur-séducteur noir de femmes qui se reconvertira en taximan, deux bras cassés qui s'éprennent de leur otage, un militaire qui n'aime que la fellation, un ex-truand devenu compositeur de hits qui collectionne les secrétaires peu farouches, un tube (Excessif) qui ouvre les portes de la Corée du Nord, un dignitaire nord-coréen qui échappe à la technique du plâtrage, une évasion épique en zone démilitarisée... Echenoz fait feu de tout bois, dans un style pince sans rire délicieux - qui rappelle parfois Jean-Patrick Manchette -, usant volontiers du "on" pour contempler avec distance son intrigue abracadabrantesque.
Stylistiquement, son roman regorge de trouvailles très drôles. Un vrai régal. Il y en a presque à chaque page. Pas crédible pour un sou, cette saga qui nous mène de Paris à la Creuse, de la Creuse à la Corée du Nord pour finir à Paris, mais on s'en moque tant le charme opère. Ce qu'on peut appeler un divertissement intelligent, une friandise subtile. On aurait tort de s'en priver.
7,5