Convaincre les Juifs de la valeur du christianisme
Cette Epître s'adresse à des chrétiens qui, tout frais issus du judaïsme mosaïque, en respectaient encore les règles et les rites avec un scrupule jugé excessif par le christianisme. Elle souligne puissamment que Jésus vient de fonder une nouvelle Alliance avec Dieu, avec cette nuance que Dieu promet de s'y montrer moins sévère que dans l'Ancien Testament, y faire preuve de plus de miséricorde. Les Hébreux sont donc incités à ne pas renouveler indéfiniment la pratique des rites de sacrifice hérités du Lévitique, car le sacrifice personnel de Jésus rachète une fois pour toutes les péchés.
Dans ces conditions, on peut se demander comment le Feu de l'Enfer est encore possible. Simple : par manque de Foi ou par complaisance envers des « doctrines étranges ».
C'est dans ce sens qu'on peut interpréter la tentative de démontrer que Jésus est supérieur aux grandes figures de l'Ancien Testament. Tentative en apparence un peu puérile (« Mon héros est plus fort que le tien ».). Mais la Nouvelle Alliance est nécessaire, car « L'ordre précédent a en effet été aboli à cause de sa faiblesse et de son inutilité. ». Il faut avouer que la longue, très longue lamentation sur les péchés incurables d'Israël, que constitue l'Ancien Testament, appelait une sorte de table rase et un nouveau départ.
Cela ne veut pas dire que Dieu va pardonner n'importe quoi. Déjà, le Feu est promis si on n'a pas la Foi. Mais Dieu et sa parole sont comparés à un sabre à double tranchant (ce qui ne peut que réjouir quelques musulmans), à un feu dévorant. Déjà que Satan était censé « chercher qui dévorer », nous voici coincés entre deux gueules ouvertes.
On se demande comment cette épître a pu être considérée comme écrite par Paul. Le style recherché, voire maniéré, l'abondance des références à l'Ancien Testament, le ton didactique un rien professoral ne ressemblent ni au style de Paul ni à ses marottes.
Une des idées majeures est que nous ne sommes que de passage sur cette Terre. Notre résidence définitive est le Mont Sion, décrit dans les mêmes termes que la Jérusalem céleste.
Un texte élégant et érudit, donc, mais dont l'auteur reste bien douteux.