Alistair a 21 ans et c'est un génie. Son rêve ? Aller dans l'Espace. Vous pensez que la vie lui sourit ? Détrompez vous, il a passé toute sa vie chez lui enfermé par sa mère paranoïaque, et n'a par conséquent aucune connaissance des autres et du monde extérieur. Pourtant, quand il retrouve sa mère morte sur le canapé, il va devoir affronter la vie réelle, avec ses absurdités, ses déceptions, mais surtout ses amitiés et ses espoirs... dans ce monde qui lui est totalement étranger, va-t-il pouvoir vivre et exaucer son rêve ?
Mélange d'humour noir, de critique sociétale et de feel good, ce roman est une pure merveille. C'est un livre qui n'hésite pas à parler de sujets graves comme les problèmes psychologiques de la mère d'Alistair,
l'internement de ce dernier,
la difficulté de trouver des papiers en tant que migrant, mais il le fait toujours avec une douceur et une délicatesse très émouvante : par exemple, les actes de la mère qui au début paraissent incompréhensibles à nos yeux comme à ceux des personnages vont être expliqués (mais non justifiés) à la toute fin. En même temps, ce livre provoquera de francs fou rires particulièrement à ceux qui aiment l'humour noir (notamment toutes les scènes où Alistair ne sait que faire du corps de sa mère) .
On se prend d'affection pour ce gamin de 21 ans qui en paraît 8 par son comportement et 60 par son intelligence, mais aussi pour tous les autres personnages, notamment le personnage de Yaro qui arriverait à redonner fois en l'humanité même les plus cyniques (du moment qu'ils acceptent de se laisser porter).
Je pourrais comme beaucoup parler du fait que le livre nous invite à poursuivre nos rêves coûte que coûte, mais même si la poursuite du rêve est la ligne directrice du roman (la quête de la combinaison spatiale va être au centre de l'action) je ne pense pas que ça en soit le sujet principal. Pour moi, ce livre parle avant tout de la difficulté de trouver sa place - que ce soit Alistair et son rêve quasi irréalisable ou Yaro et sa quête de papiers - et de l'humanité en chacun de nous : les personnages, même si certains font des choses cruelles, ne sont jamais cruels eux-mêmes, ils sont au pire totalement incompréhensifs et leurs actions sont toujours menées par la volonté de bien faire (ce qui n'empêche pas le moins du monde les malheurs d'arriver)... et dans une ère où l'on va à la chasse au psychopathe, je trouve ça apaisant de voir cette vision de la société que certains trouveraient naïve mais que je trouve assez juste.
Cependant il est vrai que le livre encourage à la rêverie, comme la contemplation des étoiles ou la confiance en autrui. Et ça c'est beau !
Le livre est plutôt bien écrit, certes ne vous attendez pas à du Lovecraft mais il s'élève loin au-dessus des autres "romans pour ado" (décidément je n'aime pas cette expression). De plus, son propos intelligent, émouvant et traité avec finesse masque les quelques défauts d'écriture que l'on peut trouver.
Ce livre nous montre avant tout que personne n'est un monstre : que ce soit Alistair, sa mère, Yaro, chaque personne a quelque chose à donner, quelque chose à dire. Il invite chaque lecteur à rêver, à contempler, mais surtout à aimer.