Une heure. Une heure pour lire d’une seule traite ce monologue, comme on écouterait par effraction les paroles qu’une fille adresse à son père. Marceline Rozenberg, 15 ans, a été déportée de France avec son père, Salomon/Shloïme. C’est un témoignage, oui, un de plus, sur l’horreur absolue qu’ont été le 3ème Reich et sa vision de l’humanité.
Mais c’est surtout le témoignage d’aujourd’hui d’une survivante qui avait 17 ans en 1945 et qui raconte sa vie, après. Marceline, comme Simone et ceux qui sont revenus, restent des êtres marqués qui ne se sentent complètement compris que par ceux qui ont vécu la même horreur. Si Marceline parle à son père mort en 1945 autour d’Auschwitz, c’est parce qu’avec lui ont disparu l’unité et le sens de sa famille. Le non-retour du père a brisé l’enfance et l’étayage qui auraient dû propulser Marceline dans sa vie d’adulte. Pourtant, Marceline a survécu, puis a vécu, parce que « vivre, c’est croire qu’on peut changer le monde »… Elle a été « gaie, à sa façon », elle a aimé, elle a voyagé, écrit et fait du cinéma… l’art et la passion pour rester debout.
Une heure. Une heure pour ne jamais oublier.
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