Inexplicablement, alors même qu'il nous confronte aux souvenirs de l'horreur des camps d'extermination que l'auteure a connus à l'âge de 15 ans, ce livre se dévore. Il est d'une puissance bouleversante. Chaque mot, chaque phrase atteignent le cœur leur cible, entre violence et pudeur. Il se lit la gorge serrée et les yeux humides. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu des lignes d'une pareille intensité. Entre chacune d'elles, on entrevoit le terrible fardeau qu'ont eu à porter ceux qui sont revenus... Pourtant, ce livre est beau, sans doute parce qu'il est rempli de l'amour d'une fille à son père, intacte.
Promu au rang d'indispensable de ma bibliothèque, il trouvera une place de choix aux côtés de "Si c'est un homme" et je n'oublierai pas de le relire autant de fois qu'il le faudra pour œuvrer chaque jour à changer le monde dans lequel nous vivons dans l'espoir que Marceline Loridan-Ivens puisse dire avec moins d'hésitations qu'elle a eu raison de vivre, inconsolable et gaie...
Il m'a fallu bien des rencontres pour m'accommoder à l'existence, à moi-même. Et du temps pour m'aimer. Je me suis coulée dans d'autres époques, dans d'autres vies, dans des histoires d'amour qu'on ne raconte pas à son père, dans des combats et des révolutions censés dissoudre le passé.