J’ai acheté l’Ethique à Nicomaque pour 9,50€ à la Fnac. Pourtant, un ouvrage comme celui-ci a une valeur infiniment supérieure à celle inscrite au-dessus du code barre.
Avant de parler du texte en lui-même, je mentionnerai la qualité du livre édité chez VRIN, pour son apparat critique extraordinaire et son rapport qualité/prix exemplaire.
Entrons dans le vif du sujet. L’Ethique à Nicomaque est un manuel de morale composé par un Stagirite à l’intelligence divine au IVe siècle avant Jésus-Christ. Autrement dit, un des plus grands génie de l’humanité vous livre ses meilleurs conseils pour vivre une vie bonne ; cela explique mon propos d’introduction.
Pour Aristote, la finalité de la vie est l’eudaimonia, le bonheur, qui peut être défini comme l’épanouissement maximal de l’homme dans la droite règle, le développement paroxysmique du Bien chez un être, et la prospérité totale dans la Vertu. Et il se trouve que l’eudaimonia peut justement être atteinte par la pratique répétée de la Vertu, afin d’en faire une seconde nature. Pour pratiquer la Vertu en visant le Bien, il suffit d’entraîner et d’alimenter son intellect par l’étude et l’expérience.
Voilà la recette de la vie bonne. Il se trouve que ma vision du monde correspond exactement à celle d’Aristote, exprimée dans les principes ci-dessus. Je ne pouvais donc pas mieux tomber, et la pensée de ce philosophe fut une très belle découverte pour moi.
Malgré tout, j’ai encore quelques points de désaccord avec Aristote, notamment concernant le libre arbitre (Aristote estime que le principe de notre action réside en nous, et qu’il est impossible d’ignorer ce que nous sommes et ce qui nous détermine (livre III, 2) ; avec Spinoza, je réfute). Autre bémol : la langue d’Aristote est froide, laconique, prosaïque et scolaire. Pas de littérature, peu de figure de style. Sur l’amitié, le texte d’un Montaigne m’a semblé infiniment plus éloquent grâce à la dimension littéraire et poétique.
PS : Mention spéciale pour les chapitres 7 et 8 du livre IV, dressant un portrait de l’homme magnanime, en d’autres termes de l’homme vertueux idéal, selon Aristote et a fortiori dans la pensée grecque. J’ai aimé tracé des parallèles entre ce portrait et la pensée de Nietzsche ou le personnage de Cyrano dans la pièce de Rostand, et aussi constater quelle formidable rupture le message de Jésus a provoqué face à cette vision de l’homme.