Evariste est la biographie romancée de Evariste Gallois, très jeune homme qui a révolutionné les mathématiques avant de mourir à 22 ans dans un duel. Il est décrit ici comme un véritable Rimbaud, un Rimbaud qui ne se serait pas compromis à vieillir et à moisir. Le sujet était engageant, mais ma lecture m'a beaucoup déçue.
L'auteur a bien compris l'intérêt de son sujet, c'est à dire, d'écrire sur quelqu'un qui a vécu trop peu pour que l'on ait assez d'informations sur lui. Mais la réponse qu'il apporte est décevante : soit il joue à Marguerite Duras en égrenant de récit de "je ne sais pas", "j'imagine que"... Soit il raconte sa propre vie. Le narrateur est vraiment beaucoup trop présent, très prétentieux, et oublie totalement son sujet. Evariste devient un personnage plat, froid, sans saveur, ni profondeur. Le narrateur, quant à lui, est hypertrophié, ce qui m'a conduit à me demander qui était donc l'auteur de ce livre qui ne traite pas de son sujet, mais qui se regarde plutôt le nombril...
L'auteur est un jeune homme de 25 ans. Il doit se voir dans son sujet et en fin de compte, l'éjecte tout à fait du roman. Il y a d'ailleurs tout un passage qui compare le mathématicien "le Nombre en personne" à l'écrivain "le Verbe en personne". Mes yeux se sont levées au ciel...
Pour pallier ce manque de substance, le roman s'étend en de longues phrases (mais longues... J'aime les points. Les points me sont sympathiques.) avec tout un tas de juxtapositions qui étouffe le lecteur (n'est pas Proust qui veut). J'imagine que la longueur des phrases veut imiter une certain ton inspiré et exalté... En vain. Ensuite, il hésite tantôt entre un un vocabulaire précieux et rare et un langage familier et contemporain (caser "sextape" dans un livre qui se passe au XIXe siècle, so edgy).
Enfin, dernier effet de style qui a fini de m'énerver, le narrateur appelle son lecteur "mademoiselle" , et j'ai eu l'impression qu'il me demandait mon 06 pendant tout le bouquin.