«S’il y a quelque chose d’ingénieux dans la République des Lettres, on peut dire que c’est la manière dont Esope a débité sa morale»
Vous avez bien entendu reconnu la plume de notre Maître Français qui rend hommage au père de ces Fables qu’il a magnifiées, Jean de La Fontaine. L’aura d’Esope est conséquente, c’est lui qui, le premier, eut l’idée originale de diffuser de petites leçons de morale et de bon sens d’une manière «ludique» à travers la Fable. Qu’on ne s’y trompe pas, ces petites histoires dispensatrices de vertu existaient déjà avant Esope, on en trouve ainsi un exemple dans Les Travaux et les Jours d’Hésiode, mais Esope est vraiment celui qui a donné ses lettres de noblesse à la Fable et qui l’a ancrée dans la littérature.
Ces petites histoires sont parfois rigolotes, parfois très profondes, et toujours elles sont efficaces. Le message à portée morale est souvent mis en évidence à la fin de la Fable, de sorte que la leçon soit comprise par tout le monde. Bien sûr, si elles sont bien écrites et sympathiques à lire, on ne trouve pas encore dans ces Fables de puissance poétique. Esope a posé les bases, et c’est après son œuvre que la Fable s’est ouverte à la poésie. Il est très intéressant de lire ces Fables qui ont inspiré La Fontaine, et de constater que la structure de certaines d’entre elles a été conservée presque telle quelle, comme la fameuse Fable du corbeau et du renard. Ah, lire Esope fait remonter de bons souvenirs…!
Mais la grande force de ces Fables réside dans le fait qu’elles sont simples et donc faciles à mémoriser. Si elles ont été gravées à l’écrit, ce qui leur a permis de passer à la postérité, les Fables n’en demeurent pas moins un grand outil oral, un outil de rhétorique dont Aristote lui-même parlera dans son ouvrage. Les Fables d’Esope peuvent donc servir comme un petit manuel de morale, dont il est bon de garder en mémoire quelques Fables bien utiles ! Car les Fables d’Esope témoignent d’un regard très lucide sur la nature de l’Homme, et les enseignements à en tirer n’ont pas pris une ride. Comme Thucydide le disait, si les temps changent, l’Homme reste profondément le même. A nous, donc, de tirer une leçon de ces Fables et de nous orienter vers une vie simple et droite.