La sensation que je retiens de ce livre (un peu moins dans The Big Sleep), c’est que tous les personnages, tous, y compris Marlowe, fonctionnent au ralenti, sous l’effet d’une puissante valériane : ils s’envoient des menaces, des avances explicites, des horreurs, traitent de meurtre, de sentiments sordides, mais les balancent — ou les reçoivent — stoïques, imperméables. À part leurs phalanges, qui, parfois, blanchissent. Et leurs visages. Un peu.
Quant à l’intrigue, je ne l’ai pas toute comprise (c’est pas grave, me réconforte Wikipedia, Chandler était plus intéressé par les personnages que par la trame), mais j’en retiens le sentiment d’une succession mécanique : suite de retours au bercail, avec ou sans whisky, de coups de fil à tout moment, et de confrontations à deux (s’il y a plus de deux personnes, les autres font de la décoration). Frappant quand on a lu The Big Sleep et The Little Sister à trop peu de temps d’écart. Mais après tout, ça colle avec la valériane.
Dernier détail, les traductions initiales de Chandler sont terrifiantes : 10 à 15% de coupes, sans parler des traductions complèment râtées. Déjà, Fais pas ta rosière ! pour The Little Sister, y’a de quoi se poser des questions… Voyez p. ex., http://bibliobs.nouvelobs.com/polar/20131224.OBS0640/on-a-enfin-retraduit-raymond-chandler.html. Vérifiez que vous lisez des traductions fiables !