Le dénouement tragique que l'auteur avait imaginé pour lui-même et sa Circassienne dans la dernière partie du roman Aziyadé advient finalement dans ce livre, dix ans plus tard, alors que Loti débarque en Turquie pour retrouver Aziyadé.
C'est un voyage cathartique que le héros pressé par le temps effectue en compagnie des fantômes de son passé, dans une ville qu'il a aimée autant que ses habitants ; un voyage si plein de mélancolie que même les paysages d'ordinaire chaleureux de Stamboul — car c'est ainsi qu'est nommée la péninsule historique de la vieille Constantinople — sont empreints de tristesse : mosquées blanches et cyprès noirs ponctuent les trajets de Loti sur le chemin de la mémoire ; avec le rare espoir des retrouvailles poignent le soleil et son éclat irisé, tandis que l'obscurité de la nuit moribonde accompagne l'abattement quasi constant.
Il s'agit d'un ultime hommage déchirant à une morte par un écrivain, lequel craignait plus que tout que leur mémoire à tous les deux se perdent à jamais.