Regarder mais pas toucher...

Sur cet archipel minuscule au large de la Californie séjournent six biologistes ornithologues ou océanographes poussés là autant pour y panser leurs blessures ou leurs secrets personnels que par passion scientifique. Le décor est austère, rude et dangereux ; le confort et la garantie de la vie moderne n’y ont pas cours.
La transition des saisons ne dépend pas de la météo mais du passage des animaux : baleines, éléphants de mer, goélands et requins. Et le cycle recommence, immuable. Certains n’y font que passer, d’autres y vivent depuis plusieurs années et n’envisagent pas un retour à la vie normale. C’est là que s’installe Miranda, photographe animalière. Elle aussi a une plaie à recoudre : faire le deuil de sa mère décédée. Tout le livre n’est d’ailleurs qu’une longue lettre écrite à sa mère disparue.
On ne sait trop si on a affaire à un huis-clos dramatique ou à une apologie naturaliste tant les observations scientifiques sur la vie et les mœurs des animaux marins prennent le pas sur le thriller psychologique. Si cet aspect du roman nous en apprend beaucoup sur la vie animale (je ne verrai plus jamais les goélands de la même manière) la trame narrative réservée à l’humain m’a paru bien souvent lassante en regard de ces gens totalement dénués de la moindre bienveillance et ne portant à leurs semblables qu’un intérêt modéré même dans des conditions extrêmes. Même Miranda n’a éveillé en moi aucune empathie. Mais comme l’a fait remarquer Galen, le plus âgé d’entre eux, qui voit tout et sait tout : la vertu d’un biologiste est d’observer et de ne rien changer à la nature des choses… S’il le dit !
Quant au climat oppressant et à l’angoisse sourde baignant les pages du livre comme on a pu le lire ici et là, je ne les ai que très modérément ressentis.
Reste une belle écriture et une nature sauvage joliment dépeinte mais souvent répétitive.