Il s'agit ici du premier Faust, la distinction entre les deux n'étant pas des plus clair sur Senscritique.
J'ai lu Faust en essayant d'être le moins crevant d'attente. En même temps, hé quoi? Nerval le traduit, Boulgakov le réécrit, cela veut dire beaucoup. Ou pas.
Je l'ai lu, ce premier Faust, jusqu'au bout, et à dire vrai je n'ai pas lutté comme avec Werther (minable truc celui-là) mais que suis-je sur ma faim...
Le livre est plein de fantaisie, il ose indubitablement. C'est agréable de lire du théâtre qui se taille à l'horizon et parcourt l'espace, ose mélanger la chanson au drame. Mais que le style est plat, que la parole n'est pas haute ou neuve. Goethe, dans ce livre-ci, comme dans Werther, remâche du déjà dit, déjà vu, jusqu'à l'excès, et comme avec ce dernier ne va vraiment pas loin. Faust et le Diable sont portés par un souffle, il faut l'admettre, mais il est bien court ce souffle, cet élan, comme ceux de tous les personnages, comme presque toutes les scènes. Certaines même ne sont que des passages de farces ou de féeries digne d'un opéra-bouffe, l'opéra en moins (et alors qu'en ai-je à faire?)
A cela s'ajoute ce sentiment d'une oeuvre inachevée par flemme, la dernière partie faisant des bons narratifs énormes, laissant dans l'obscurité on ne sait combien d'éléments, et rien ne vient justifier un tel geste, sauf un peu la dernière scène où l'incapacité de savoir le vrai du faux dans le discours de Marguerite amplifie la force de cette conclusion.
Et quelle timidité! Dans les idées, dans le langage, dans la narration, dans l'éthique, partout! Cette façon de se tenir dans les territoires acceptés est insupportable. Surtout ne pas donner raison au Diable, ni à Faust, surtout que Marguerite apporte le malheur pour n'avoir obéi à l'ordre. On a le diable et sa cohorte qui débarque, un Homme prêt à abandonner Dieu, qu'il sait être et l'attendre, pour vivre infiniment et on aboutit à une pauvre affaire de cul, un amour à trois franc au bord d'une route, et cela sans ironie, seule solution pour pardonner un tel choix narratif.
Je dois pourtant bien reconnaitre que l'oeuvre possède une gaité, une vie. Elle est bien composée, bien entrainée, bref elle se lit bien.
Mais excusez-moi de la laisser au fond du tiroir où je l'ai trouvée.
Tristouil-Hugo
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le 26 janv. 2012

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Tryste Oil Hugo

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