Comme je regrette d'avoir lu Faust après le Maître et Marguerite de Boulgakov, j'ai raté tellement de références, car il n'y a pas seulement des clins d'œil mais une véritable réécriture de l'œuvre.
A savoir que Faust n'a pas été inventé par Goethe, c'est un conte populaire du XVIe siècle. Lors d'un voyage à Prague j'ai d'ailleurs vu une interprétation dans un théâtre noir, (une spécialité tchèque) et les péripéties étaient bien différentes.
Le pacte avec le diable est un sujet intemporel, et souvent utilisé pour sa portée moralisatrice. L'adjonction d'une histoire d'amour tragique donne vraiment de la profondeur a cette histoire et la fait passer de conte pour enfants à œuvre littéraire. Le texte est très bref, sans descriptions inutile, qui va droit au but.
On y sent une forte inspiration grecque, avec la présence de chœurs (les esprits) et une écriture en vers - même si la version traduite par Gérard de Nerval contient plus de prose que l'originale, ce qui n'est pas pour me déplaire. Une dimension tragique assumée donc, mais adoucie par quelques côtés comiques, critique des contemporains de l'auteur, et facéties du démon, certainement le personnage le plus intéressant du récit.
Un récit diaboliquement efficace, sans prosélytisme religieux malgré ce qu'on aurait pu croire, une histoire d'amour qui saurait faire de l'ombre à Juliette et consœurs. Comme quoi il n'est pas besoin de faire des pavés monumentaux pour faire quelque chose de beau et profond, certains devraient en prendre de la graine.