Feed est l'histoire de Georgia et Shaun Mason, deux jeunes adultes journalistes dans un monde post-apocalyptique où les zombies sont devenus un élément du décor. Les articles publiés sur leur blog leur permettent de couvrir - avec d'autres personnes du métier - la campagne présidentielle du sénateur Peter Ryman : l'occasion pour eux de gagner en crédibilité et faire face à des complots en tout genre.
Ce qui donne envie dès le départ c'est de savoir que - s'il s'agit bien d'un monde peuplé de zombies - ça se déroule des années après l'évènement majeur qui a vu se répandre le virus responsable. Du coup tout est reconstruit, des normes de sécurité ont été instaurées, et on nous épargne le sempiternel réveil des morts ou la suite immédiate du chaos et de la survie. Oui le monde a été bouleversé mais la vie a repris son cours avec des journalistes, des politiciens et du coup de nouvelles questions sur les politiques à mener vis-à-vis de ces zombies, des expériences pour trouver un anti-virus, de la dangerosité de laisser vivre des animaux pouvant à tout moment mourir et donc rendre actif le virus en eux.
Bref, les zombies sont un cadre qui offre, a priori, de nouvelles perspectives et problématiques.
Le pitch suffisamment novateur pour intriguer au début et la fluidité d'écriture sont des plus. Malgré cela l'ennui arrive rapidement, mêlé à un agacement vis-à-vis des personnages et de la prétention de l'histoire qui s'y reflète. Ce qui se vend comme une critique des journalistes et du monde politique n'est qu'une grossière caricature simpliste qui enlève tout enjeu ou réalisme ouvrant sur de véritables réflexions.
Ainsi on suit le frère et la sœur. Chacun journaliste dans un domaine : le frère dans du sensationnel écrit des articles voués à attirer des lecteurs grâce à ses aventures face aux zombies ; la soeur se cantonne à l'information "pure et dure"... enfin en théorie. Parce qu'une des grandes batailles de cette dernière c'est de s'en tenir aux faits. D'entrée de jeu elle bassine le lecteur avec la vision de son métier et ses prétentions en matière d'objectivité. Seulement entre les articles disséminés entre les chapitres qui sont fades, sans aucune qualité particulière d'écriture et qui ne sont que des ressentis inutiles, on n'est pas très impressionnés. Ensuite elle défend le fait qu'elle ne publie que "la vérité", assertion qui reviendra régulièrement ; pourtant - à mon humble avis - mélanger du "les faits et rien que les faits" et "la vérité" c'est rendre de l'objectif subjectif. Sa vérité est aussi vraie A SES YEUX que l'est la vérité d'un autre à ses propres yeux également. Elle vante donc une intégrité journalistique, une froideur dans l'énnoncé d'évènements qui se propagerait à sa personnalité pour au final tomber dans le propre piège qu'elle prétendait éviter en prenant des partis au lieu de simplement relater à titre informatif.
Du coup ce qui se voulait/s'annonçait en résumé comme une critique acerbe retombe comme un soufflé. Gonflée de sa continuelle autosatisfaction, elle suit une campagne présidentielle où son objectif est de suivre un candidat cliché de perfection et de prétendre que c'est une prouesse et une éthique stricte qui la mène à sa vérité. Sachant que le candidat est donc parfait, les seuls opposants sont une femme aux seins refaits qui fonde sa campagne là-dessus et n'aurait apparemment rien d'autre à offrir et un conservateur extrêmiste antipathique et ostentatoirement injuste... Pas de remises en questions sur le candidat fétiche, pas de surprises sur la personnalité des autres, une se retirera, l'autre sera le méchant de l'histoire. Fin.
La tentative d'installer un complot, de nous impressionner par une excellence journalistique, de découvrir une réorganisation, TOUT tombe à l'eau et se révèle sans saveur.
On en retient de jeunes agaçants par leur manque de modestie, qui se prennent trop au sérieux et dont l'histoire est trop complaisante avec eux (le pauvre pseudo-twist final n'y changeant rien). L'histoire manque d'envergure et de sérieux, aucun attachement n'est créé et l'histoire sans réel enjeu peine à donner envie de lire les tomes suivants. Puis bon, à force de vouloir se donner un style badass et de faire genre qu'ils ne comprennent pas l'utilité de tous les systèmes de sécurité parce qu'ils - eux les boss - sont tellement forts qu'ils ne risquent rien et sont blasés de perdre du temps comme ça, il ne reste que l'envie de les claquer un bon coup.
Les suites sont à l'ordre du jour dans mes lectures uniquement parce que je me sens obligée de terminer ce que j'ai commencé, pas convaincue que ça en vaille la peine.