Une scène amusante, où deux enfants, dans une salle de classe, laissent aller leur imagination sur ce qu'ils pourraient devenir plus tard. Feydeau touche très juste au moins à trois niveaux :
1) L'inexpérience des enfants, qui les pousse à se représenter le monde d'une manière particulièrement naïve; par exemple, Maman n'est pas une Femme, puisque c'est Maman...
2) Le rythme soutenu avec lequel les enfants changent de sujet; la versatilité de leur sujets de conversation se rapproche considérablement de celle que l'on peut observer chez des enfants de cet âge.
3) La critique implicite des moeurs en vigueur dans la société du temps de Feydeau, surtout la société bourgeoise; la candeur des réflexions des enfants fait mieux ressortir le caractère douteux de certaines habitudes en vigueur à l'époque : battre son épouse, par exemple. Et, à la pensée du mariage entre les deux enfants, la fille se met peu à peu à imaginer tous les plaisirs que son mari pourrait lui payer; lequel mari potentiel se met déjà à trouver trop chers les caprices de la Madame potentielle... Même les gosses ne se font pas d'illusions sur les affres de la vie conjugale....
La naïveté des enfants est en sus facteur d'humour et de tendresse : qui a pu écrire les Fables de La Fontaine ? D'ailleurs, elles sont pleines d'animaux, mais très peu de fontaines... Les "grands" achètent les enfants qu'ils ont, sinon, comment se les procurer autrement ? Gentil délire sur les perspectives de mariage entre les deux enfants, délire bien entendu exempt de toute connotation sexuelle :les enfants simulent les diverses démarches qui ont lieu lors d'un mariage.
A la fois charmant et sarcastique.