Le fief, c'est chez soi, son domaine, mais ici le fief a une double dimension, collective et individuelle : collective car le coin est divisé en différentes zones et quartiers, bien distincts sur un plan social, et le bouquin a le mérite de nous parler de la vie dans cette bourgade, où l'on n'est plus vraiment à la campagne sans pour autant être en ville.
Le fief, c'est l'espace de jeu collectif de cette zone pavillonnaire : un étang, une forêt, lieu idéal pour se retrouver entre gosses, où l'on se fabrique des souvenirs comme jamais.
Le fief, c'est la bande de copains, on est chez soi, on a ses repères, chacun joue son rôle, pas de surprise, c'est rassurant, on est en terrain connu.
Le fief est aussi individuel, c'est le chemin qu'on se trace ou pas, c'est son univers mental, ça peut être la boxe.
Le fief, c'est aussi un enfermement, l'histoire d'un gars qui ne trouve pas sa voie, enfermé qu'il est dans le confort de sa bande de potes.
L'ensemble du roman me laisse une impression mitigée. Ce qui est bien, c'est qu'il est construit en tableaux, qu'on peut lire séparément, des moments de vie où David Lopez épuise une situation, nous la décrivant à fond. J'avoue que commencer par la fumette ne m'a pas donné les idées claires, les personnages étant caractérisés de façon trop enfumée, mais ceux qui ne connaissent rien au sujet n'en ressortiront pas plus idiots.
Les meilleurs tableaux sont consacrés à la boxe. C'est très bien écrit, on pénètre dans cet univers particulier, pour moi à la fois fascinant et repoussant. C'est un peu technique, très précis, mais pas du tout ennuyeux, bien au contraire. Ces pages sur la boxe sont parmi les meilleures du bouquin, on pénètre une atmosphère vraiment pas banale.
Le tableau sur le match de foot entre vétérans est très bien aussi, pathétiquement juste. Celui sur la dictée est pénible, long et fastidieux, fort dispensable à mon avis.
Bref, l'ensemble est malheureusement inégal, mais j'y ai trouvé beaucoup d'intérêt, avec ces tableaux narrant la vie d'un gars un peu perdu et enfermé dans sa géographie et son milieu social. On a tous quelque chose en nous de David Lopez.