L’auteur de Zaï zaï zaï zaï présente dans son premier roman paru en 2006 un univers déjanté qui fera sa renommée dans le domaine de la bande dessinée.
Figurec a un petit côté Fight club. C’est étrange à dire mais, souvenez-nous, le personnage joué par Edward Norton se rend à des réunions d’un groupe de victimes du cancer pour relativiser son état de souffrance. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Ici, dans Figurec, le narrateur assiste à des enterrements d’inconnus : après avoir repéré l’annonce de la cérémonie dans le journal, il se fond dans la foule des pleureurs et ne peut s’empêcher de juger l’événement comme une prestation issue de la société du spectacle. C’est parfois ennuyant, parfois tragique lorsque la veuve et les enfants essayent de retenir le cercueil qui s’enfonce dans le caveau.
Assister à des enterrements est la seule occupation du narrateur, chômeur, qui peine à avancer sur sa pièce de théâtre dont il réécrit constamment les premières répliques. Célibataire, les repas de famille et chez des amis rythment ses semaines. Jusqu’au jour où le narrateur est repéré par un gros homme, Bouvier, qui le prend pour un collègue de la société secrète pour laquelle il travaille, Figurec, société qui propose de louer des hommes et des femmes pour faire de la figuration. Se frotter à ce monde étrange entraîne le narrateur dans une dangereuse spirale…
Qu’il est bon de rentrer dans un univers déjanté ! Difficile de ne pas rire à la lecture de Figurec, roman de la paranoïa où le narrateur doute de tout et de la réelle existence et nécessité de certains métiers. Le lecteur familier de l’auteur du Discours retrouvera les principaux thèmes développés dans les bandes dessinées et les romans : la solitude, les repas de famille interminables, les chagrins d’amour, la sensation d’être un loser, etc. Inventif et drôle, Figurec, paru en 2006, mérite plus d’attention maintenant que Fabcaro a gagné en popularité.
« J’ai tout fait je te dis, j’ai même fait remplaçant sur le banc de touche pour une grande équipe de foot, à l’époque où j’avais encore la ligne bien sûr. Ils m’ont viré parce que j’ai allumé une clope pendant un match un jour où je m’emmerdais trop. J’ai tout fait, les vernissages, l’expo Rothko du premier au dernier jour, les apéritifs de mariage, les salles de ciné, y’a un film de Tavernier que j’ai vu dix-sept fois, l’horreur, dans ces cas-là tu le sens vraiment que t’es sous-payé. »