Abominable avait été un pavé, mais surtout un véritable page-turner : une sensation agréable en tant que lecteur que de ne pas arriver à poser son livre, riveté que l’on est à l’histoire. J’ai donc attaqué Flashback avec confiance, en me réjouissant d’avance de ce passage de Simmons dans la SF post-apocalyptique sur fond d’États-Unis gangrénés par une drogue permettant de revivre d’anciens souvenirs, le Flashback du titre.
Et force est de constater que l’expérience de Simmons transparait au premier abord : un récit efficace, qui va tout de suite dans le vif, des personnages bien exposés… Flashback sait utiliser son concept pour créer une trame articulée autour d’une enquête (la mort d’un riche dignitaire japonais) et d’un ancien policier désormais accroc au Flashback et réengagé sur l’affaire. Les trames s’emmêlent habilement, tout comme les développements des trois personnages principaux : le flic Nick, son fils et son père.
Pourtant, rapidement, ces histoires s’inscrivent dans le contexte d’une Amérique ayant perdu de sa superbe : déchirée entre des états supérieurs, appauvrie, à la traîne… Et le bouc émissaire est tout trouvé : l’Islam. Remplacez à l’envi le nom de la religion monothéiste par « arabe », « musulman » ou encore « bronzé », tant Simmons amalgame tout dans un étrange récit proto-fasciste plus terrifiant que l’histoire en elle-même.
Tant c’était gros, je me suis un temps demandé si la description n’était pas en somme la vision de son personnage principal. Mais non ! Peu importe le point-de-vue, le personnage en question ou le passage, Simmons persiste et signe avec son histoire de Grand Califat, d’adoration du 11 septembre et de remugles racistes.
Mais dans son carcan idéologique dégueulasse, il ne se contente pas de ça : il va y faire infuser toute sa morgue réactionnaire pour décrédibiliser tout progressisme. Entre l’Obamacare qui serait responsable de la dette de son pays, désormais supérieure au PIB, et l’écologie qui ne serait que l’invention d’une bande de bobos citadins fans de yoga et se baladant à poil.
Bref, Flashback me fait penser à Orgasme de Palahniuk. Deux auteurs dont j’ai pu apprécier quelques œuvres, qui se retrouvent finalement à devenir un pastiche d’eux-mêmes, si outrancier qu’ils en paraissent grotesques. Mettons ça sur une tentative ratée de faire du corrosif (même si cela semble transpirer d’obsessions plus profondes de l’auteur et d’une matrice idéologique douteuse), passons sur ce titre au combien oubliable et gardons espoir pour le bouquin suivant…