Fœtus-Party par Hard_Cover
Un roman dystopique doit-il être court pour être bon ? C'est la question que je me pose à la lecture de Fœtus-party.
La forme courte, comme c'est le cas avec l'excellent Naissez nous ferons le reste de Patrice Duvic, le surestimé Meilleur des mondes d'Aldous Huxley ou le présent roman de Pierre Pelot a des avantages : l'auteur a plus de chances de réussir à garder tout au long de l'histoire un ton cynique très à-propos, le lecteur conserve en tête jusqu'à la fin les images choc et déroutantes livrées par l'écrivain. Mais on pensera aussi, dans le même genre, à l'immense 1984 de George Orwell, bien plus épais, et très très bon, en partie parce que l'auteur a la place et les moyens de développer son univers, ses personnages et une histoire touffue.
Dans Fœtus-party, publié dans la collection Présence du Futur chez Denoël dont le format est proche du FNA, Pierre Pelot a assez peu de place pour s'exprimer.
Il décrit un avenir où mourir est un but en soi, non seulement car la vie vaut assez peu le coup d'être vécue, mais aussi car mourir, c'est aider ceux qui vivent. C'est du moins ce que prétend le Saint Office dirigeant. Il est vrai qu'on mange les morts, et qu'il y a besoin de place sur ce monde surpeuplé. L'auteur décrit un monde bien horrible comme il faut.
Malheureusement, Pelot a du mal à convaincre avec son histoire. Bien peu passionnante est la mésaventure de Trash le dealer de HYP-1000, celle de Mark et Eva Lipton qui tentent pour la troisième fois de concevoir un enfant qui survivra à la fœtus-party, ou celle de Ross le mystérieux visiteur.
Les qualités de ce roman se trouvent dans l'ambiance, appuyée par une écriture nerveuse et quelques bonnes idées. Toutefois, dans le genre, on a lu mieux. On ne regrette pas à proprement parler d'avoir fait le détour, mais la lecture de Fœtus-party n'est pas indispensable.
Ah oui ! Je n'ai pas répondu à la question qui se pose forcément à la lecture du titre du roman : qu'est exactement une fœtus-party ? Tout l'intérêt est de lire le livre pour le savoir. Il n'est donc pas question que je le dévoile...