C’est le 3ème livres d’Hilsenrath que je lis, et j’ai un avis très mitigé sur celui-ci.
J’ai aimé découvrir comment il a écrit « Nuit » ( « Le Branleur »), savoir que ce livre l’a aidé à se reconstruire, comment il s’est débrouillé pour allier des besoins matériels (se loger, manger et se soigner) à un besoin de libération spirituel et même physique.
Physique parce qu’on retrouve cette obsession du sexe, parce que bander c’est être un homme, c’est faire partie des vivants. Spirituel parce qu’il n’a pas les moyens de voir un psy, qu’entre survivants il n'y a pas besoin de mots, ils se comprennent, et que ceux qui n’y étaient pas s’en foutent (la cousine, la fiancée), en parlent comme on parlerait de la météo et qu’on a pas envie de se confier à quelqu’un qui ne vous écoute pas vraiment, qui ne réalise pas quel sujet il aborde. Alors il trouve une façon d’extérioriser ça, de faire sa propre psychanalyse : écrire un livre, et plus précisément, pour combler les trous de sa mémoire, écrire un roman. Il y met toute son énergie, tous ses moyens, et il vise un public : la nouvelle génération allemande, parce qu’elle a un lien avec les responsables, elle ne doit pas laisser cette folie se reproduire mais aussi parce qu’elle parle sa langue. Pour toutes ces raisons elle doit écouter et être la mémoire de ce qui s’est passé.
J’ai donc adoré ce livre. Ce qui m’a fait mal c’est de voir son racisme et son sexisme lui qui a subi la Shoah… Lire qu’il considère qu’une fille qui s’est faite violée est la fautive, voir qu’il est capable d’essayer de profiter d’une femme qui est pas en état de comprendre ce qu’il se passe et qu’un portoricain ou un noir sont des êtres inférieurs/différents à ses yeux.
Avis mitigé donc, mais contente de l’avoir lu quand même, c’est un livre très fort.