Gagner la guerre reprend le personnage de Benvenuto Gesufal, déjà vu dans la nouvelle "Mauvaise donne", une de mes préférées de ce recueil de nouvelles.
D'emblée, on comprend que le narrateur va en chier tout le long, balloté au gré des manipulations comme un chebec en pleine tempête.
Le tour de force de Jaworski, c'est de nous offrir un grand roman d'aventure avec les yeux d'un véritable salaud, tueur, violeur, menteur, raciste bref, un enfoiré de première qui présente toutefois la qualité d'être un extraordinaire raconteur d'histoires, choisissant toujours les bons mots, maniant à merveille l'humour, et l'ironie, avec une truculence jubilatoire et un jugement sévère sur tous les personnages qu'il rencontre. Il a un avis sur tout, échaffaude des théories, observe beaucoup, souffre énormément, tente à chaque fois de récupérer des situations désastreuses pour lui, le tout sur un fond de Basse magie qui l'ensorcelle à plusieurs reprises, distordant son jugement. On comprendra aussi quelles sont les raisons qui ont amené Benvenuto à devenir ce qu'il est. On ne l'excuse pas, mais on a pitié de cet homme que la vie aura tout de même sévèrement abîmé.
Bref, un roman absolument à lire, diablement bien écrit, très intelligent. Un excellent moment de lecture.