Il était une fois la vie de Don Benvenuto au service du Podestat Léonide Ducatore... Non, vraiment, si c’est un conte de fée que vous recherchez, changez tout de suite de livre, vous n’êtes pas au bon endroit. Benvenuto Gesufal n’est ni un prince charmant, ni un altruiste, ni respectueux de la vie humaine ou des femmes et la délicatesse n’est pas son fort mais c’est vrai qu’il a la fibre artistique.
Bref, vous l’aurez compris le « héros » de Jaworski est loin d’être un chic type. C’est un spadassin, retraité de l’armée, exerçant le métier d’assassin pour le compte de la Guilde des Chuchoteurs. Il mène une vie paisible – pour autant qu’elle puisse l’être pour un homme de cette trempe - dans la majestueuse cité de Ciudalia jusqu’au jour où il est victime d’un coup monté politique orchestré par le Podestat. Benvenuto doit sa survie à son agilité à échapper à ses poursuivants et à sa perspicacité pour comprendre qui est derrière cet attentat. Il décide alors de retourner la situation à son avantage en offrant ses services à celui-là même qui veut sa mort : Léonide Ducatore.
L’assassin se retrouve au cœur des intrigues politiques de son maître retors, simple pion sur l’échiquier du Podestat, en perpétuel équilibre sur le fil du rasoir.
Benvenuto est un personnage très travaillé : malgré son tempérament colérique, il sait se servir de sa tête, observer ses ennemis, détecter leur faille, s’en servir avec intelligence. Parfois, au contraire, il agit impulsivement, sous le coup de l’émotion, prêt à égorger tous ceux qu’il croisera sur son chemin.
Gagner la guerre est un roman de fantasy historique s’inspirant de la Renaissance italienne. Peu de magie ici : un sorcier vicieux à la solde de Ducatore et quelques elfes sont les seules créatures magiques que croisera Gesufal. Il n’est pas non plus question de sauver le monde, juste sa peau pour l’un et son pouvoir pour l’autre. Jean-Philippe Jarworski a un style extraordinaire qui vous transporte dans le temps et vous attache à son personnage – pourtant détestable – en quelques lignes.
Il faut lire Gagner la guerre pour se rendre compte du talent de l’auteur pour nous plonger dans une intrigue politique complexe, pour nous présenter des personnages d’une profondeur et d’un réalisme troublants, tout cela avec une maîtrise des mots incroyable.
Croyez-moi, on ne ressort pas indemne de cette lecture.