Il y a quelque temps, je suis tombée sur un article de blog d'une militante féministe qui expliquait ne plus vouloir lire de romans écrits par des hommes. Plus du tout, rien, nada, OUA-LOU. Pour être parfaitement honnête, j'ai trouvé la réaction excessive : quel beau moyen de se priver de quantité de livres fantastiques, de chefs d'œuvre, comment pouvait envisager de plus vouloir entendre parler la moitié de la planète. Mais ça, c'était avant que je lise Gagner la Guerre. Parce que Gagner la Guerre pour moi, ça allait être la lecture de l'année. Les critiques sont dithyrambiques, le livre figure dans tous les tops de Fantasy francophone, moi, bêtement, je pensais que j'allais me régaler. Alors au début, le personnage d'anti-héro, on se dit que c'est pour l'histoire, on se dit que ok c'est un salaud, mais il va évoluer, forcément. Forcément, les insultes misogynes ne sont pas gratuites, forcément les remarques racistes et homophobes ont leur place dans l'histoire...pas vrai ? Et puis on tombe sur la scène du viol d'une gamine de 15 ans. Et pas à un moment cet acte ne sera dénoncé. Au contraire, la scène est cocasse ! Et on comprend qu'en fait, dans ce bouquin, toutes les femmes sont des putes, et que c'est un état de fait qui ne bougera jamais. Parce que quand le bouquin parle d'une femme, c'est une catin, une salope, une garce. Elle est intelligente ? Alors c'est qu'elle est laide et grosse, et qu'elle subira moult insultes grossophobes et rabaissante.s Même la ville n'y coupe pas, elle aussi sera traitée de catin tout le long du récit. Les arabes sont traités de moricauds, les hommes faibles de fiottes et d'homosexuels. Ce qui est triste dans tout ça, c'est que jusqu'au bout du roman j'ai attendu un revirement de situation, une phrase, un mot qui ferait comprendre que l'auteur écrit un salaud pour une bonne raison. Mais non. La femme violée se rebelle ? Elle sera punie. Le violeur ? Récompensé pour ses actes. On me dira que la société est inspirée de l'Italie du Moyen Age, que c'était l'époque. Je répondrai que si on est capable d'imaginer des elfes et autres créatures magiques, c'est qu'on a choisi de d'affranchir de la réalité. Quand on peut inventer ce qu'on veut et qu'on choisi d'écrire des horreurs sans jamais rien dénoncer, c'est qu'on a envie de les écrire. Gagner la Guerre, c'est un roman sur l'asservissement des minorité par des hommes de pouvoir.
Alors moi, femme depuis 28 ans, j'en ai marre d'ouvrir les infos pour lire qu'un homme a fait violer sa femme par 50 hommes, et marre d'ouvrir des romans de Fantasy où les femmes sont battues, violées, rabaissées.
Alors peut-être que finalement moi aussi je vais arrêter de lire des romans d'auteurs masculins.