road movie, sans road, et sans movie
Galveston est le premier roman (et pour l’instant le seul) de Nic Pizzolatto, l’auteur à qui l’on doit la série True detective.
C’est un roman primé à plusieurs reprises qui raconte, depuis la Louisiane dans les années 80 jusqu’au Texas et Galveston dans les années 2000, la fuite en avant d’un type, plus ou moins petite frappe de son état, malade d’une maladie qu’on ne guérit pas vraiment, flanqué d’une prostituée à peine majeure qu’il ne s’est pas résolu à abandonner quand il aurait fallu.
À partir de ce pitch et de cette mise en bouche alléchante, on navigue entre les peurs glacées d’un cinquantenaire cancéreux et les doux espoirs des jeunes paumés, pauvres et abandonnés de ces régions du sud des États-Unis, sur lesquels un voile pudique a été posé il y a des années et qui ne sera sans doute jamais levé.
Galveston se lit aisément, assez vite, d’autant qu’il est plutôt court (CTB). On ne s’y ennuie presque jamais. On suit avec avidité les aventures de ce type qui en pince pour une gamine qu’il respecte trop pour toucher. Ses tentatives pour filer loin avant de filer droit, se planquer pour renaître avant de mourir.
Pizzolatto nous sert une Amérique froide et triste, grise et loin des beaux quartiers, tellement loin que quand les personnages s’en approchent, tout sonne faux, clinquant et il leur tarde autant qu’à nous de s’en éloigner pour de bon.
Dans ces domaines, Galveston maîtrise et enchante (si tant est que l’on puisse être enchanté par la misère et les faux espoirs). On s’attache aux héros, et on tremble de leur devenir (jusqu’au bout). Mais tout n’est pas aussi réussi et c’est l’histoire elle-même qui a des ratés, quelques épisodes un peu inutiles et pas toujours bien amenés gâchent pour partie le plaisir.
Et puis il y a cette fin. Malgré l’habile construction du récit, qui alterne les deux époques de l’histoire, malgré la mise en scène des recoupements, on a l’impression que l’auteur a forcé son scénario pour nous amener à une conclusion aussi attendue que décevante dans sa survenance. Les quelques pages qui concluent à la suite de ce climax un peu stupide mais palpitant en même temps ne parviendront pas à rattraper, malgré leur douce poésie, une petite déception.